COP30 à Belém : quel bilan pour la lutte contre le changement climatique ?

Actualisé le 05.12.2025
Collège Lycée
Sciences de la vie et de la terre Histoire, géographie et géopolitique

La 30ème n’a pas marqué de grands progrès dans l’action climatique mondiale. Pas de grand plan pour les forêts, pas d’avancée sur le chemin de sortie des énergies fossiles, pas de sursaut dans les plans nationaux de réduction des émissions de CO2. Mais un multilatéralisme climatique encore vivant malgré le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris de 2015. 

 La COP30 sur le climat à Belém
Le saviez-vous ?
La COP31 se déroulera en 2026 à Antalya, en Turquie

 COP30 : un multilatéralisme climatique préservé malgré des ambitions limitées  

La COP30 organisée à Belém, au Brésil, a déçu beaucoup des participants, qui ont parlé de déclaration finale « a minima » et « d’ambition insuffisante ». Mais elle a sauvé l’essentiel dix ans après l’accord universel de Paris : le maintien du « multilatéralisme climatique », c’est-à-dire l’acceptation par 194 pays de poursuivre leur action concertée.  

Malgré le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris, décidé par le président Donald Trump, aucun des pays présents n’a décidé de quitter le navire. L’objectif majeur de Paris est maintenu : réduire drastiquement les émissions de gaz à pour contenir le moyen de la planète bien en dessous de la barre des 2 °C, voire si possible 1,5 °C par rapport au début de l’ère industrielle. 

La COP 31 se déroulera fin 2026 à Antalya, en Turquie, avec une innovation majeure : une co-présidence Turquie-Australie, qui devrait mettre en avant les petits pays insulaires du Pacifique. La COP 32 se déroulera en Ethiopie, un des pays les moins développés. Pour 2028, l’Inde, un géant démographique en fort développement, a posé sa candidature à l’organisation de la COP33. La route est ainsi balisée. 

Déforestation : pourquoi la COP30 n’a pas tenu ses promesses pour l’Amazonie ?  

Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva avait souhaité faire de la lutte contre la déforestation un des grands thèmes de la COP30. Il espérait une spectaculaire prise de conscience mondiale dans ce sommet qui se déroulait en lisière de la forêt amazonienne. Celle-ci, très menacée par le développement des grandes cultures et des exploitations minières, est en passe de perdre son rôle de « puits de carbone » capable de stocker le CO2. 

Malgré le soutien de près de 90 pays, aucun engagement contraignant sur la déforestation n’a été inclus dans le texte final. 

Seule consolation, le Brésil a pu lancer, avant l’ouverture de la COP, son programme « Forêts tropicales pour toujours » (en anglais Tropical Forest Forever Facility  - TFFF.  Il est doté d’un fonds qui doit rémunérer les pays préservant leurs écosystèmes forestiers.  Mais il reste un mécanisme hors de l’égide des Nations unies et les premières promesses de financement sur les dix prochaines années sont en deçà des montants initialement prévus. La Colombie accueillera une conférence dédiée à ce sujet en avril 2026. 

Sortie des énergies fossiles : une feuille de route toujours en attente  

Même si le Brésil est la 8ème puissance pétrolière mondiale, son président avait également eu l’ambition de relancer l’idée d’une feuille de route (roadmap) mondiale de sortie des énergies fossiles. 

Il espérait concrétiser la petite ouverture manifestée à la COP28 à Dubaï. Le texte final ne parlait pas encore de « sortie » des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) mais d’une « transition hors des énergies fossiles » (transitionning away en anglais). Belém n’a pas confirmé cette marche à petits pas en refusant un calendrier opérationnel. 

Le plan du président Lula s’est heurté aux intérêts des pays producteurs de pétrole et de gaz mais aussi aux pays émergents qui ont un grand besoin d’énergie pour assurer leur développement.  Il n’a pu qu’annoncer l’intention du Brésil de préparer un projet de feuille de route à examiner l’année prochaine lors des réunions préparatoires à la prochaine COP.  

Contributions nationales (NDC) : des engagements insuffisants pour rester en dessous de +1,5 °C  

L’Accord de Paris conclu lors de la COP21 avait posé un principe fort : plutôt que de fixer des objectifs chiffrés de réduction d’émissions au niveau mondial, que personne ne respecte généralement, il avait été décidé d’en appeler au volontarisme de chaque pays qui doit lui-même estimer ce qu’il peut faire en matière de . 

La COP30 devait être l’occasion de réactualiser en les rehaussant ces « Contributions Déterminées au niveau National en anglais « Nationally Determined Contributions – NDC ». 

La remise des copies a été décevante ! Plus de 70 pays ne l’ont pas fait. Beaucoup ont attendu la veille de l’ouverture de la COP. L’union européenne, généralement en pointe, a été divisée sur la question, plusieurs Etats membres comme l’Italie étant soucieux des répercussions des mesures écologiques sur leurs industries. Au dernier moment elle a remis un projet qui maintient l’objectif final de neutralité carbone en 2050, mais en prévoyant une étape « indicative » de 66,25 % à 72,50 % pour 2035. 

Premier émetteur mondial, la Chine a donné sa réponse alors que la COP30 se déroulait… Mais avec un point positif. Depuis 18 mois, ses émissions ne progressent plus, ce qui laisse espérer qu’elle atteindra un « pic » en 2025, 5 ans avant ce qu’elle avait prévu. Pour la suite, elle a prévu une diminution de 7 à 10 % du niveau des émissions d’ici 2035 (par rapport à 1990). 

Mais l’ensemble reste très insuffisant. La somme des contributions ne permet pas de se replacer sur la trajectoire des 1,5 °C de réchauffement. Selon des experts, on serait plutôt, avec les objectifs d’aujourd’hui, entre +2,8 °C et + 3 °C, des hausses qui seraient catastrophiques pour la planète. 

Pays vulnérables : un coup de pouce pour l’adaptation au changement climatique  

Une question récurrente revient à chaque COP, à savoir l’aide apportée aux pays les plus pauvres, qui sont peu responsable de l’accumulation de carbone dans l’atmosphère et qui sont en même temps les plus fragiles. La COP29 à Bakou (Azerbaïdjan) avait fait un pas en avant en envisageant un financement progressif d’au moins 300 milliards par an d’ici 2035.  

La COP30 a décidé de tripler, mais au sein de cette enveloppe, l’aide pour l’adaptation au . L’équilibre entre mesures d’atténuation (réduire au maximum la hausse de température moyenne) et mesures d’adaptation (répondre aux effets négatifs déjà constatés du réchauffement climatique) nourrit des débats depuis plusieurs années. Certains voient dans l’adaptation une acceptation du fait accompli, mais les pays les plus vulnérables sont très demandeurs d’une action immédiate pour réparer les dégâts de plus en plus marqués des phénomènes climatiques extrêmes. Le triplement de l’aide est encore vague mais il va dans le sens des demandes de ces pays. Une réunion intermédiaire en juin 2026 à Bonn doit revenir sur la question. 

 

 

56 000 :
le nombre de personnes inscrites à la COP30

Mobilisation citoyenne : le rôle des sociétés civiles et des entreprises à la COP30 

Dernier point plus positif, la COP 30 a marqué un regain de la mobilisation des sociétés civiles, des entreprises, des élus locaux. Près de 45 000 personnes (hors délégués officiels), notamment des peuples autochtones de l’Amazonie, ont participé au sommet de Belém, avec une grande parade de 200 bateaux sur le fleuve de l’estuaire amazonien.  

Ces sociétés civiles ont fait pression pour que des sujets clés soient ajoutés à l’action internationale, comme la lutte contre la désinformation sur le climat, les impacts du changement climatique dans le secteur de la santé, la protection de la , l’intégration de l’Océan dans les plans climatiques. La 3ème conférence des Nations unies sur l’Océan s’était tenue à Nice en juin 2025. 

 

Activité pédagogique
Organiser une COP en classe

Le jeu de rôle « Tenir une COP en classe », proposé par Planète Énergies, est un outil pédagogique stimulant. Il permet aux élèves de comprendre les enjeux climatiques, d’apprendre à argumenter et à coopérer. Les élèves incarnent des représentants de pays aux intérêts divergents : Chine, Maldives, États-Unis… Parviendront-ils à trouver un accord ?

Ce jeu peut être réalisé en collège ou lycée, de manière interdisciplinaire en Histoire-géographie et géopolitique ou en SVT. Connectez-vous ou créez un compte enseignant pour télécharger « Le jeu de rôle des énergies / Tenir une COP en classe ».

 

[1] Voir notamment la revue Nature (en anglais)

[2] Voir les grandes lignes du TFFF (en anglais)