Comment maîtriser la déforestation ?

Publié le 04.09.2015
Lycée
Sciences de la vie et de la terre

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Dans de nombreuses régions pauvres du monde, la déforestation est encore une nécessité pour assurer l’expansion de l’agriculture et l’approvisionnement énergétique. Mais elle réduit les capacités de captation du CO2 de l’atmosphère par les végétaux et les sols et donc complique la lutte contre le . Une gouvernance mondiale a commencé à se mettre en place pour maîtriser ce phénomène de déforestation.

Comment maîtriser la déforestation ?

La déforestation se poursuit, mais moins vite

La forêt, qui occupe 31  % de la surface des terres émergées, est le plus important « absorbeur » de carbone. Elle constitue l’essentiel des réservoirs terrestres qui séquestrent l’équivalent de 33 % des émissions de CO2 mondiales par an. Mais cette capacité est amoindrie par le mouvement persistant de la déforestation, qui entraîne des émissions de gaz à par la combustion et la décomposition des matières organiques des sols. Ces émissions brutes représentent 11  % des sources anthropiques annuelles de CO2. Cet impact négatif de la déforestation fait que la gestion durable de la forêt est un élément essentiel de la lutte contre le changement climatique.

La déforestation continue de progresser dans le monde, même si le taux de perte est moins fort qu’il y a quelques décennies. Selon les chiffres de la Food and Agriculture Organization (FAO), de 2000 à 2010, environ 13 millions d'hectares de forêts - la superficie de la Grèce - ont disparu chaque année, alors que ce chiffre était de 16 millions d'hectares par an dans les années 1990.1

Les pays développés, généralement de climat tempéré, ont connu la déforestation il y a plusieurs siècles et enregistrent aujourd’hui une stabilisation voire, comme la France, une progression de leur densité forestière. Ce sont en revanche les zones tropicales pauvres du monde qui sont aujourd’hui les plus affectées. Le recul est très bien observé par les satellites.2

13 millions d’hectares :
la perte annuelle de forêts pendant la décennie 2000 – 2010

Les besoins des habitants les plus pauvres

La déforestation dans les trois grands bassins mondiaux (Amérique latine, Afrique centrale, Asie du Sud-Est) est essentiellement due à l’exploitation du bois et à la conversion des zones boisées vers d’autres usages comme l’agriculture et l’élevage. Les spectaculaires incendies en Californie ou en Australie jouent un moindre rôle, quoiqu’en progression.

En Amérique latine, notamment au Brésil, ce sont les grosses exploitations de soja et de maïs et les grands élevages qui font reculer la forêt.

En Afrique centrale, ce sont plutôt de petites exploitations de nature vivrière, avec une culture sur brûlis qui impose de changer de parcelles souvent et donc de grignoter sans cesse la forêt ou la savane.

En Asie du Sud-Est, notamment en Indonésie, la plantation de vastes espaces de palmiers à huile a été la cause première de la déforestation. L’huile de palme est utilisée dans l’alimentation et la production de biocarburants. Dans ce dernier domaine, l’Union européenne (UE) a instauré des règles qui imposent notamment la reforestation et l’Indonésie a adopté des critères de durabilité, sans toujours parvenir à contrôler les exploitations illégales.

Ces besoins d’extension de l’agriculture se doublent du fait que, dans les pays en développement, les combustibles dérivés du bois sont la source principale d’énergie pour plus de 2 milliards de pauvres. En Afrique, plus de 90 % du bois récolté sert à couvrir les besoins énergétiques. Très affecté par cet usage, le Kenya a l’ambition de planter 100 millions d’arbres par an pour retrouver son taux originel de 10  % de forêts, un taux tombé à 3 % en 1990 avant de remonter à 7  %.3

En Afrique, plus de 90 % du bois récolté sert à couvrir les besoins énergétiques.

Les programmes REDD

La lutte contre la déforestation a été engagée à la fois au niveau national dans plusieurs pays et au niveau mondial. Le Brésil a notamment mis en place en 2004 une législation ambitieuse pour préserver l’Amazonie en se donnant les moyens de la faire appliquer. Le Brésil et l'Indonésie, qui avaient la perte nette de forêts la plus élevée dans les années 1990, ont vu se réduire sensiblement leur taux de perte.

Au niveau international, les Nations unies ont engagé les programmes Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation (REDD), puis REDD+ .

Ces programmes ont mis l’accent sur des mesures incitant les entreprises et les communautés à faire de l’agriculture sans convertir les forêts, par exemple en améliorant les rendements agricoles, ou à exploiter les produits forestiers de façon durable, sans dégrader les zones boisées. Le reboisement – qui a notamment été largement développé en Chine – est un moyen utile mais qui ne doit pas se substituer à l’« évitement de déforestation ». Un hectare reboisé n’est pas équivalent à un hectare détruit car il perd le plus souvent en qualité par rapport à la forêt naturelle, notamment en termes de diversité des essences et de protection de la .

Le principe des programmes REDD est de rétribuer, via divers financements, les pays et les communautés qui parviennent à réduire la déforestation. Les financements peuvent provenir d’institutions comme la Banque mondiale ou d’Organisations non gouvernementales (ONG) qui pourront, à un niveau local, rémunérer un village qui prend des mesures. La lutte contre la déforestation en Amazonie brésilienne a été financée par un fonds bilatéral alimenté par la Norvège. Des mécanismes permettent à des entreprises de financer un projet forestier et d’obtenir des crédits utilisables sur les marchés du carbone. Enfin, une partie des fonds dégagés pour la lutte contre le est allouée à la lutte contre la déforestation, faisant de celle-ci un élément maintenant essentiel des négociations internationales sur le climat.  

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