Autoconsommation électrique : modèle en progression

Actualisé le 26.07.2023
Lycée
Sciences économiques et sociales

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Le progrès technologique permet aujourd’hui de produire de l’énergie localement et en quantités limitées. Dans le secteur électrique, le solaire photovoltaïque est particulièrement bien adapté puisque la pose de panneaux sur un toit permet d’alimenter directement des résidences individuelles, des commerces, des fermes ou des usines. Les nouveaux producteurs individuels peuvent alors revendre ou autoconsommer l’électricité qu’ils produisent. Mais la rentabilité des systèmes, qui sont coûteux à l’investissement initial, est encore loin d’être assurée, notamment pour les particuliers.

Une photo d'un supermarché du sud de la France dont le parking est recouvert d'ombrières photovoltaïques.

La vente totale

Quand les panneaux solaires ont commencé à apparaître en nombre sur les toits européens (vers 1995 en Allemagne, vers 2000 en France), le modèle le plus utilisé a été celui de la « vente totale » de l’électricité produite à l’opérateur du réseau central. Dans le cas le plus simple, le nouvel « autoproducteur » installe deux compteurs électriques : l’un mesure la production de ses panneaux, l’autre mesure sa consommation totale. L’opérateur s’engage à racheter la production locale, selon un tarif de rachat fixé par la loi. L’opérateur fournit d’autre part, selon un contrat classique, l’électricité dont son client à besoin.

Ce concept de rachat, qui reste d’ailleurs largement dominant, a contribué à développer le secteur photovoltaïque et à faire baisser les coûts à toutes les étapes de la filière. Le tarif de rachat a lui-même suivi ce mouvement de baisse.

L’autoconsommation

La généralisation des compteurs « intelligents » - comme en France le compteur Linky - a permis de rapprocher les deux opérations de production et de consommation, en régulant automatiquement et en temps réel les deux flux. L’autoproducteur est devenu ainsi « autoconsommateur » : il consomme lui-même et sur un même site tout ou partie de l’électricité produite par son installation.1 L’intérêt pour lui est de réduire sa facture d’électricité et d’éviter en partie les hausses de tarifs extérieurs. L’intérêt pour la collectivité est d’encourager le photovoltaïque local et d’alléger les réseaux centralisés2

On distingue essentiellement deux sortes d’autoconsommation :

  • l’autoconsommation partielle consiste à consommer sur place une partie de l’électricité produite et à réinjecter le surplus de production sur le réseau ; ce surplus peut être racheté par l’opérateur mais ce n’est pas l’objectif principal ;
  • l’autoconsommation totale consiste, comme son nom l’indique, à utiliser sur place la totalité de l’électricité produite et ne pas en réinjecter sur le réseau ; cela implique soit de bloquer l’électricité en surplus à un moment donné soit de la stocker dans un système de batteries.
20 000 :
le nombre de foyers français qui ont adopté l’autoconsommation électrique grâce au solaire

Le taux d’autoconsommation

La difficulté est de faire coïncider les périodes de production et d’autoconsommation. C’est plus facile dans les grandes installations professionnelles (supermarchés, fermes, usines) que dans les maisons individuelles, en tout cas en Europe.

Une maison individuelle consomme entre 20 et 50 % au mieux de sa propre production d’électricité photovoltaïque. La faiblesse de ce « taux d’autoconsommation » s’explique simplement : la production est plus forte à la mi-journée, quand le soleil est au plus haut, mais à un moment où la maison est souvent vide ; les pics de consommation sont plutôt le matin et en soirée, de 19 h à 22 h, quand la vie familiale est la plus active. L’utilisateur a alors plusieurs solutions. Il peut s’équiper de batteries qui permettront de stocker l’électricité et de la réutiliser à l’heure de son choix. Mais les batteries restent coûteuses. Il peut aussi trouver les moyens de décaler sa consommation, par exemple en chauffant son eau sanitaire ou en programmant sa machine à laver à la mi-journée. On dit quelquefois que le consommateur devient « consommacteur », c’est-à-dire plus conscient de la maîtrise de son énergie.

Dans des bureaux ou dans des supermarchés, le taux d’autoconsommation peut aller jusqu’à 90 %. En effet, la production de la mi-journée est utilisée au moment où les locaux sont les plus occupés2.

En même temps, des expériences sont menées pour maximiser l’autoconsommation en la mutualisant à l’échelle d’un quartier par exemple. Bureaux, magasins, résidences sont alors mis en réseau. D’autres projets visent à charger le surplus de l’électricité produite dans les batteries de véhicules électriques, dont le nombre devrait croître au fil des années.

Le néologisme « consommacteur » désigne une personne sensible à la source et à la maîtrise des produits ou services qu’elle utilise, notamment en matière énergétique.

L’encouragement des pouvoirs publics

Le modèle d’autoconsommation est encouragé par les services publics dans la mesure où il va dans le sens d’une plus grande intégration des énergies renouvelables. Depuis 2015 en France, des soutiens publics ont été mis en place (prime à l’investissement, avantages tarifaires). En 2017, 20 000 foyers environ avaient adopté ce modèle en France, loin derrière l’Allemagne (plus de 500 000 foyers). À plus long terme, d’après les estimations de RTE (Réseau de transport de l’électricité en France), il pourrait y avoir environ 4 millions d’autoconsommateurs résidentiels d’ici 2035.

Sources:
  1. La loi prévoit aussi une forme d’autoconsommation collective : « la fourniture d’électricité est effectuée entre un ou plusieurs producteurs et un ou plusieurs consommateurs finaux liés entre eux au sein d’une personne morale ».
  2. Ce taux d’autoconsommation ne doit pas être confondu avec la part que la production photovoltaïque assure dans la consommation totale, pendant 24 heures. On parle alors de « taux d’autoproduction ». Un supermarché dont les chambres froides fonctionnent toute la nuit aura un faible taux d’autoproduction.  

 

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