Le Japon se tourne de nouveau vers le nucléaire

Actualisé le 15.05.2023
Lycée
Sciences économiques et sociales

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L’accident de la centrale de Fukushima en mars 2011 avait conduit le Japon à arrêter les 54 réacteurs de son parc nucléaire. Le coût des importations d’énergies fossiles, l’envolée des prix de l’électricité et les impératifs de la lutte contre le ont conduit en 2012 le gouvernement à enclencher un plan de réouverture des centrales, même si le Japon ne retrouvera pas son niveau d’avant Fukushima. Un réacteur de la centrale de Sendai, le premier sur les 43 pouvant encore redémarrer, a été réactivé en août 2015.

Avant l’accident de Fukushima, l’énergie nucléaire assurait près d’un tiers de la production électrique du Japon, faisant de ce pays la troisième du monde, après les États-Unis et la France. Le gouvernement envisageait même d’augmenter la production d’électricité d’origine nucléaire pour porter sa part à 50 %. Trois réacteurs étaient alors en construction.  

A la suite du séisme et du tsunami qui ravagèrent l’archipel nippon le 11 mars 2011, et qui provoquèrent l’accident de la centrale de Fukushima, les 54 réacteurs du pays ont progressivement été arrêtés. En septembre 2012, le gouvernement dirigé par le Parti démocrate du Japon (PDJ) annonçait l’abandon du nucléaire d’ici trente ans. Pour compenser la perte de production d’électricité, le Japon, qui ne dispose pas de ressource énergétique exploitable à grande échelle, a renforcé les économies d’énergie, développé les énergies renouvelables (ENR) et augmenté ses importations d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). La part du charbon dans le est passée de 25 % en 2010 à 31 % en 2014 et celle du pétrole de 8 à 11 %. Le gaz naturel a connu la plus forte progression : 29 % en 2010, 46 % en 2014. Soit au total une électricité produite à 88 % par les énergies fossiles.

Cette explosion des importations a lourdement pesé sur l’économie et sur la facture d’électricité des ménages et des entreprises (+ 30 % depuis 2011). En outre, les émissions de CO2 ont augmenté de 10 %, conduisant le Japon à abandonner les objectifs du .

88 % :
la part des énergies fossiles dans le mix électrique du Japon après Fukushima

Été 2015 : réouverture d’un réacteur de Sendai

En décembre 2012, le PDJ perd les élections et le nouveau gouvernement du Parti libéral-démocrate (PLD), dirigé par Shinzō Abe, fait du redémarrage du nucléaire l’un des piliers de sa politique, malgré une population majoritairement réticente selon les sondages. Pour y parvenir, l’Autorité japonaise de sûreté nucléaire (NRA) a été réformée et rendue indépendante vis-à-vis des entreprises du secteur et du pouvoir politique. Des normes de sécurité renforcées ont été adoptées et imposées aux opérateurs japonais. Enfin, la décision de reprise d’activité d’une centrale doit être prise à la fois par le NRA et les autorités locales, avec des votes par les assemblées préfectorales et municipales et une consultation des populations, mais sans referendum direct.

Le 14 août 2015, le réacteur n1 de la centrale de Sendai a produit à nouveau de l’électricité. En octobre, la seconde unité de la centrale devait elle aussi être raccordée au réseau. Plus de 100 millions de dollars auront été nécessaires pour mettre le premier réacteur aux nouveaux standards de sûreté. La menace du volcan Sakurajima, à 60 km de là, a conduit à des procédures qui permettraient d’arrêter le réacteur et de mettre le à l’abri en cas d’éruption.

L’énergie nucléaire devrait fournir entre 20 et 22 % de l’électricité du Japon d’ici 2030.

La production d’électricité en 2030

La du Japon souhaite répondre à un double défi : relancer l’économie et réduire les émissions de gaz à de 26 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2013 (donc une date post-Fukushima). Pour y parvenir, l’énergie nucléaire devra fournir entre 20% et 22 % de l’électricité du pays et les énergies renouvelables entre 22 % et 24 %.  

Pour l’ , cela équivaut au redémarrage d’une quinzaine de réacteurs. Ce niveau pourrait être atteint en trois à cinq ans avec le redémarrage d’un réacteur tous les deux ou trois mois. Cependant, tous ne redémarreront pas. Les exploitants des centrales préfèrent investir dans la rénovation des réacteurs les plus puissants et les moins anciens. En plus des six réacteurs définitivement condamnés sur le site de Fukushima, ils ont décidé d’arrêter définitivement cinq réacteurs supplémentaires répartis sur divers sites. Le traitement des déchets nucléaires est également un problème clé, avec de multiples aspects. Il y a d’abord la gestion très difficile de ceux résultant de l’accident de Fukushima, ensuite le stockage du plutonium et de l’ générés par les centrales. Il reste aussi à préciser la politique de retraitement des déchets : le centre de retraitement de Rokkasho n’est toujours pas en opération.

En ce qui concerne les énergies renouvelables, le Japon a été en 2014 le deuxième investisseur mondial du secteur, après la Chine. Symbole de cette ambition, plus de 20 GW de projets solaires photovoltaïques ont été mis en œuvre depuis 2012. Actuellement, les ENR produisent 12 % de l’électricité de l’Archipel (9 % provenant de l’hydroélectricité). 

 

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