L’ Afrique : le continent de demain ?

Actualisé le 08.09.2023
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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Tous les experts sont d’accord : après des années d’évolution assez lente, l’Afrique avance aujourd’hui très vite. Ceci dit, ils se répartissent en deux camps : les afro-optimistes (« ce sera le continent de demain »), et les afro-pessimistes (« les tensions dues à la pauvreté vont s’accentuer »). L’énergie, et notamment l’électrification solaire, a pourtant de telles perspectives devant elle sur le continent qu’elle pourrait faire pencher la balance dans le bon sens. Explications en quelques points clés.

Un marché à Jimma en Ethiopie

L’Afrique, moteur de la démographie mondiale

Le nombre d’habitants reste, pour un pays ou un ensemble de pays, un élément de . La Chine en a été l’exemple. En Afrique, la population approche 1,2 milliard d’habitants (16 % de la population mondiale) en 2015 et devrait doubler d’ici à 2050, pour représenter le quart des habitants de la Planète. Il s’agira de populations jeunes : selon l’Unicef, en 2050, 40 % des enfants de moins de cinq ans dans le monde vivront sur le continent africain. À ce même horizon, 10 % des naissances mondiales se produiront au Nigeria. Il y aura en revanche un revers à la médaille, l’explosion démographique provoquant un exode rural et un déséquilibre villes/campagnes qui menacera l’agriculture et donc l’alimentation du continent.

Une sous-consommation énergétique mais des besoins exponentiels 

Plus de 600 millions de personnes, soit 2 Africains sur 3, n’ont toujours pas accès à des sources d’énergie modernes. À l’exception de l’Afrique du Sud, la consommation moyenne de l’Afrique sub-saharienne se situe autour de 162 kWh par habitant et par an, alors que la moyenne mondiale tourne autour de 7 000 kWh. En 2015, le continent africain est à l’origine de moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à . Mais dans la mesure où ses besoins en énergie vont fortement croître sous l’effet de la croissance économique, de la démographie et de l’urbanisation, la question de son modèle de développement – sera-t-il durable et bas carbone ? – se pose avec acuité.

Le leapfrog (saute-mouton) signifie qu’un système atteint des objectifs avancés en sautant des étapes intermédiaires.

La richesse des potentiels énergétiques

L’Afrique dispose de ressources importantes : 8 % des réserves pétrolières mondiales, 7 % des réserves de gaz, 4 % des réserves de charbon, 10 % du potentiel hydro-électrique, 17 % de l’ , 15 % de la , 38 % de l’éolien, 300 jours de soleil par an en moyenne (selon des chiffres cités à la réunion Energy Trilemma Summit à Addis Abbeba en 20151).

Un passage direct vers un système bas carbone ? 

L’importance du potentiel en sources d’énergies renouvelables, et la prise de conscience mondiale des enjeux climatiques, conduisent certains experts à considérer que l’avenir énergétique de l’Afrique ne ressemblera pas à celui des pays développés mais passera directement à un système d’énergie bas carbone. Selon les estimations communiquées début 2016, par le directeur de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adeesina, la hiérarchie entre les énergies renouvelables sur le continent s’établirait comme suit : 11 000 GW de solaire, 350 GW d’hydro-électricité, 110 GW d’éolien, 15 GW de géothermie2.

25 % :
la part probable des Africains dans la population mondiale en 2050.

L'abondance de l'Afrique en matières premières 

L’Afrique est très riche en ressources naturelles mais ne peut compter seulement sur celles-ci pour asseoir son développement économique. Selon les experts, le continent africain détient 40 % des réserves d’or du monde et 30 % des réserves de minerais essentiels : fer, cuivre, aluminium, platine, chrome, lithium et autres métaux rares de plus en plus indispensables aux développement des énergies renouvelables et des voitures électriques. L’Afrique est également productrice de matières premières végétales recherchées (oléagineux, café, coton).

Mais l’abondance en matières premières ne se traduit pas toujours en développement économique durable. Il y a d’abord l'instabilité des prix des matières premières qui rend les revenus fluctuants et incertains. Ensuite, la manne financière qu’elles assurent est souvent source de corruption et n’encourage pas à la diversification de l’économie et aux investissements d’avenir. L’enjeu pour l’Afrique est de renforcer ses infrastructures, de développer ses industries locales et de s’engager dans l’innovation durable.

    Le leapfrog 

    De nombreux économistes pensent que les pays africains bénéficieront du mode de développement appelé en anglais leapfrog (saute-mouton), qui permet d’atteindre des objectifs avancés en sautant des étapes intermédiaires que les pays développés ont pu connaître par le passé. Un exemple est celui du téléphone : le continent africain n’est pas passé par la téléphonie fixe avant de connaître un essor exceptionnel du mobile (près de 500 millions d’utilisateurs pour 1,2 milliard d’habitants). La production d’énergie solaire délocalisée peut contribuer puissamment à l’électrification de l’Afrique, en limitant la nécessité de construire des réseaux de distribution électrique alimentant chaque village. 

     


    Sources :
    1. Conseil mondial de l’énergie
    2. Interview à Jeune Afrique – L’Afrique en 2016 – Numéro hors-série 4

     

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