Électrification : espoirs d’une révolution solaire

Actualisé le 26.05.2023
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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L’ Afrique subsaharienne consomme moins d’électricité que l’Espagne ! Une bouilloire utilisée deux fois par jour par une famille en Grande-Bretagne consomme cinq fois plus d’électricité que la consommation moyenne annuelle d’un Malien et un Tanzanien met 8 ans à consommer autant d’énergie qu’un Américain en un mois.
L’électrification de l’Afrique est devenue une urgence.

Un panneau solaire permettant de recharger lampe et téléphone en Afrique

Selon le dernier rapport de l’Africa Progress Panel (APP)1, un think tank animé par l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, cette sous-consommation est en outre extrêmement inégalitaire. L’Afrique du Sud consomme ainsi 60 % de l’électricité subsaharienne. Les zones rurales connaissent un isolement unique au monde : le revenu moyen est cinq fois plus élevé en Angola qu’au Bangladesh, mais les niveaux d’accès à l’électricité y sont bien plus faibles (35 % contre 55 %). Les disparités entre campagnes et villes sont considérables : un habitant d’un village au nord du Nigeria paye (virtuellement) son électricité 60 à 80 fois plus cher qu’un habitant de New York et 30 fois plus cher que dans la capitale Lagos.

Sensibles aux pressions des électeurs des villes, les États ne subventionnent plus les semences agricoles, mais les besoins urbains essentiels. L’exode rural s’aggrave. Dans ce contexte, l’accès décentralisé à l’énergie, pour éclairer les maisons, pomper l’eau et améliorer l’agriculture, est essentiel pour fixer les populations et assurer l’alimentation du continent.

La révolution du solaire décentralisé

Dans l’électrification des campagnes africaines, le solaire présente un double avantage considérable : la vitesse et la décentralisation. Un parc solaire peut être déployé bien plus rapidement qu’une centrale thermique au charbon ou au fuel. Et surtout, les panneaux solaires peuvent être utilisés en dehors d’un réseau existant de distribution électrique.

En outre, au fil des dernières années, le coût de production de l’électricité solaire a baissé, les batteries de stockage sont devenues plus efficaces et des systèmes de paiement très souples ont été rendus possibles par le développement des téléphones mobiles. Les nouveaux systèmes sont donc peu gourmands en investissements et très accessibles aux utilisateurs. Le seuil de rentabilité de la solution décentralisée est, selon les experts, atteint dès lors qu’il faut construire 4 ou 5 km de lignes de raccordement. Les réseaux et la production électrique centralisée restent néanmoins indispensables pour alimenter les industries et les grandes concentrations urbaines.

L’Afrique du Sud consomme à elle seule 60 % de l’électricité subsaharienne.

Plusieurs systèmes existent pour décentraliser l’électricité : 

Les mini-grids

Il s’agit de toutes petites centrales solaires, autour de 500 kW, alimentant une série de batteries qui stockent l’électricité. Deux solutions sont possibles :

  • soit tirer des lignes entre cette mini-centrale et les quelques dizaines de maisons du village ;
  • soit mettre en place un système de batteries « consignées » que l’utilisateur rapporte quand elle est vide à la station pour l’échanger contre une batterie pleine, à l’instar de ce qui se fait universellement pour les bouteilles de gaz.

L’efficacité de la batterie est essentielle dans ces systèmes. Celle-ci représente aujourd’hui 30 à 40 % du coût général. Des progrès substantiels dans des batteries plus performantes, plus petites, permettraient d’aller vers des installations totalement autonomes où chaque maison du village disposerait de sa propre batterie, sans dépendre du système de la place du village.

Ces systèmes sont faciles à installer et à maintenir et des filières africaines peuvent à terme produire les composants nécessaires.

Les lampes solaires

Là où le mini-grid n’est pas possible, pour des raisons de taille ou de coût, on peut avoir recours à des « kits ». Constitués d’un seul panneau, plus ou moins large, ils peuvent alimenter soit une lampe unique, soit des prises permettant de connecter plusieurs ampoules ou des petits appareils comme un téléphone portable. Il y a quelques années encore, la recharge impliquait d’aller périodiquement à un centre éloigné disposant d‘une prise de recharge.

8 ans :
le temps mis par un Tanzanien à consommer autant d’énergie qu’un Américain en un mois.

L’utilisation en zone péri-urbaine

Evidente en milieu rural, l’utilisation de systèmes délocalisés est également possible en milieu périurbain, où elle peut venir compléter une fourniture par réseau public. Le coût relativement élevé de l’abonnement à l’électricité conduit souvent les familles à réduire l’utilisation de l’électricité à la pièce principale et à des plages horaires très courtes. L’appoint de la production solaire permet souvent de multiplier par deux ou trois l’éclairage de la maison.

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