Égypte : la promesse de Zohr…

Actualisé le 26.05.2023
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

Lecture 10 min

Malgré les soubresauts politiques qui l’ont agitée depuis le début du siècle, l’Égypte a toujours connu une croissance économique nette, de 5 % par an avant 2011, plus faible mais jamais inférieure à 2 % après la chute du président Moubarak. Depuis la prise de pouvoir par le maréchal Sissi, elle est revenue autour de 4 % par an et la banque mondiale prévoit une hausse jusqu’à 6 % annuel à partir de 20171. Cela malgré le ralentissement marqué de l’activité du tourisme.

L'exploitation du gaz naturel en Egypte

La forte croissance économique est à peine suffisante pour faire face à la progression galopante de la démographie (80 millions d’habitants en 2010, 95 millions en 2017), compliquée par la faible surface habitable du pays (7 % du territoire, le reste étant désertique). Dans ce contexte, près d’un tiers des égyptiens vit encore en dessous du seuil de pauvreté. La consommation électrique est en très forte augmentation : + 70 % de 2000 à 2010 puis un taux moyen de + 6,5 % par an qui devrait se maintenir jusqu’en 2020.

La production électrique étant à près de 80 % assurée par des centrales à gaz, l’Égypte, qui était autrefois exportatrice de son gaz, a dû en importer d’Algérie, du Golfe et de Russie, sans pour autant satisfaire en toutes périodes aux besoins de sa demande intérieure. Les coupures incessantes, notamment pendant l’été, ont lourdement handicapé l’industrie et mécontenté la population au point que le chef de l’État a fait du redressement énergétique un objectif prioritaire.

4 : 
le nombre de réacteurs nucléaires que l’Égypte projette de construire d’ici 2025.

La découverte du gisement Zohr

Après avoir examiné diverses options, engagé un projet nucléaire avec le russe Rosatom, annoncé un programme d’énergies renouvelables, le pouvoir égyptien a reçu en 2015 une très bonne nouvelle : la compagnie pétrolière italienne ENI a annoncé avoir découvert au large de Port Saïd, à 1 500 mètres sous le niveau de la mer, un immense de gaz naturel, estimé à 850 milliards de m3. De quoi satisfaire la demande intérieure pendant plusieurs décennies, de renouer avec l’exportation et donc de bénéficier de nouvelles rentrées de devises. Le champ a été baptisé Zohr.

Sa découverte n’était pas une surprise dans cette partie orientale de la Méditerranée. La présence de gisements importants est connue depuis longtemps. À la fin des années 1990, les grands gisements Leviathan et Tamar ont été découverts dans la zone israélienne. Chypre a de son côté fait valoir ses droits sur le gisement Aphrodite. Le territoire de Gaza peut lui-même prétendre exploiter sa zone maritime. 

L’Égypte a pressé ENI d’accélérer l’exploration et la mise en exploitation de Zohr. ENI a cédé 10 % de sa licence d’exploitation à la compagnie BP, déjà très présente en Égypte. Une production partielle devrait commencer dès octobre 2017. À terme, c‘est une production de 30 à 35 milliards de m3 par an qui est attendue (la production actuelle de l’Égypte tourne autour de 60 milliards de m3).

Si le gisement de Zohr tient ses promesses, il pourrait conduire l’Égypte à ralentir ses autres projets, même si certains sont déjà très avancés.

Nucléaire et renouvelables

L’Égypte réfléchit depuis très longtemps à l’énergie nucléaire et a lancé dès 2010 un appel d’offres pour une sur le site de Dabaa, dans le désert qui jouxte la Libye, à l’ouest d’Alexandrie. Un accord a été signé en novembre 2015 avec le groupe russe Rosatom pour une centrale de 4 réacteurs de 1 200 MW chacun, qui démarrerait sa production en 2025.

Le gouvernement a fixé un objectif de 20 % d’énergies renouvelables dans le du pays à l’horizon 2020. Il a prévu la mise en place de 4 300 MW de capacités solaire et éolienne dans les trois prochaines années.

La Méditerranée orientale détient plusieurs gisements gaziers de très grande taille (Zohr côté égyptien, Léviathan et Tamar côté israélien, Aphrodite côté chypriote).

Le poids de la géopolitique

La  de l’Égypte est dépendante aussi de la géopolitique régionale et des équilibres entre le Golfe, l’Iran ou l’Irak.

Au cours des deux dernières années, l’Égypte et l’Arabie Saoudite ont envisagé un ambitieux programme d’interconnexion de leurs réseaux électriques respectifs, destiné à mieux réguler les consommations notamment dans les périodes de forte consommation. La logique est assez proche de celle de la « boucle électrique méditerranéenne » à laquelle travaillent les électriciens européens. Les deux pays ont aussi conclu un accord de livraisons de pétrole sur cinq ans.

Mais en 2016, les relations entre les deux pays se sont dégradées, pour des considérations diplomatiques. De ce fait, la compagnie saoudienne Aramco a décidé de ne plus alimenter l’Égypte en pétrole, contraignant celle-ci à se fournir sur les marchés internationaux. L’embargo était toujours en cours début 2017. Le programme électrique quant à lui se poursuivait, avec un objectif d’entrée en service début 2019.

 

Source :
  1. Données économiques Banque mondiale 

 

Ceci pourrait vous intéresser

Tout voir