L’énergie en Égypte : gaz, solaire, éolien et nucléaire expliqués

Actualisé le 06.11.2025

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Histoire, géographie et géopolitique

Face à une démographie en forte croissance et à une dépendance énergétique accrue, l’Égypte mise sur une ambitieuse : gaz naturel, solaire, éolien, nucléaire et modernisation de son réseau électrique. Autant de choix stratégiques qui illustrent les enjeux énergétiques et géopolitiques contemporains. 

L'Egypte fonde de grands espoirs sur l'exploitation du gaz naturel au large de Port Saïd.

Contexte : démographie et dépendance énergétique en Égypte

Depuis le début du XXIe siècle, l’Égypte a toujours connu une croissance régulière de son PIB, entre 2 et 5 % chaque année. Mais elle a été à peine suffisante pour faire face à la progression galopante de la démographie (80 millions d’habitants en 2010, 116 millions en 2024), compliquée par la faible surface habitable du pays (7 % du territoire, le reste étant désertique). Dans ce contexte, près d’un tiers des Egyptiens vit encore en dessous du seuil de pauvreté.

La consommation électrique est en très forte augmentation. La production étant à près de 80 % assurée par des centrales électriques à gaz naturel, l’Égypte, qui était autrefois exportatrice de son gaz, a dû en importer d’Algérie, du Golfe et de Russie, au détriment de la rentrée de devises et de son .  Les autorités du pays ont alors fait du redressement énergétique un objectif prioritaire.

Zohr : le plus grand gisement de gaz naturel en Égypte

Après avoir examiné diverses options, engagé un projet nucléaire avec le russe Rosatom, annoncé un programme d’ , le pouvoir égyptien a reçu en 2015 une très bonne nouvelle : la compagnie pétrolière italienne ENI a annoncé avoir découvert au large de Port Saïd, à 1 500 mètres sous le niveau de la mer, un immense de gaz naturel, estimé à 850 milliards de m3. Le champ a été baptisé Zohr.

La Méditerranée orientale détient plusieurs gisements gaziers de très grande taille (Zohr côté égyptien, Léviathan et Tamar côté israélien, Aphrodite côté chypriote).

Sa découverte n’était pas une surprise dans cette partie orientale de la Méditerranée. La présence de gisements importants est connue depuis longtemps. À la fin des années 1990, les grands gisements Leviathan et Tamar ont été découverts dans la zone israélienne. Chypre a de son côté fait valoir ses droits sur le gisement Aphrodite. Le territoire de Gaza pourrait lui-même prétendre un jour exploiter sa zone maritime. 

Mais, en matière d’exploitation gazière, le rendement d’un gisement et sa régularité de production ne sont jamais assurés. Si en 2019, deux ans après le lancement, la production avait atteint un pic de 90 millions de m3 par jour, elle a chuté de plus de 50 % dans les cinq années suivantes. 

La promesse ne s’est pourtant pas encore évanouie. En 2025, des travaux ont été engagés sur trois nouveaux puits pour relancer l’exploitation. L’espoir est d’atteindre un nouveau pic en 2030, avant l’extinction du gisement exploitable aux alentours de 2046.

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Le nombre de réacteurs nucléaires que l’Égypte projette de construire d’ici 2025.

Ambitions nucléaires de l’Égypte : tout savoir sur la centrale d’Al-Dabaa

L’Égypte a confirmé à l’été 2025 son engagement dans l’ , afin d’aller vers plus d’indépendance énergétique.  Le premier réacteur de la centrale d’Al-Dabaa, dans le désert qui jouxte la Libye, à l’ouest d’Alexandrie, devrait être opérationnel en 2028. Il y aura à terme quatre réacteurs, pour une capacité totale de 4 800 MW. La centrale est construite en partenariat avec la compagnie russe Rosatom mais le gouvernement a souligné que tous les cadres et techniciens seront égyptiens.

Solaire et éolien : plus 24 % de capacité en 2024

Pour rétablir ses équilibres, l’Égypte a également engagé un effort soutenu dans l’ et l’énergie solaire. Celles-ci ont atteint en 2024 une capacité de 4,6 GW, soit plus de 24 % par rapport à 2023. Il est intéressant de noter que cette capacité est déjà presque le double de la capacité d’ assurée grâce aux 3 principaux barrages sur le Nil (deux à Assouan et un à Esna), qui est de 2,8 GW. Les barrages sur le Nil avaient marqué l’histoire de l’Égypte et assuré son développement pendant des décennies.

Modernisation du réseau électrique et interconnexions régionales

Ces ajouts de capacités d’ “verte” supposent de résoudre rapidement la modernisation du réseau électrique égyptien, qui est insuffisant et parfois en mauvais état. Les pics de en été et les poussées de consommation liées au tourisme créent régulièrement des difficultés, et notamment des coupures de courant programmées jusqu’à trois heures quotidiennes.

La stabilisation du réseau passe par des interconnexions avec les pays voisins. Celles-ci permettront en outre de faciliter les exportations d’électricité et donc de générer des devises que les exportations de gaz ne procurent plus. L’Égypte est déjà connectée au Soudan, à la Libye et à la Jordanie. L’interconnexion avec l’Arabie saoudite, et au-delà avec tout le Golfe, est en cours de

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