Biocarburants : avantages et limites pour un avenir durable

Actualisé le 09.10.2025

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Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable

Les biocarburants – souvent appelés « carburants verts » - se sont fortement développés au cours des dix dernières années, avec une production qui a doublé. Leur utilisation s’étend maintenant aux transports maritime et aérien. Mais ils sont encore mis en question à la fois pour la consommation réelle d’énergie lors de leur fabrication et pour leur impact sur les cultures destinées à l’alimentation humaine. Les biocarburants sont-ils une solution miracle ou un faux ami pour le climat ?

Le développement des biocarburants

Pourquoi développer les biocarburants ?

Développé dès les années 1970 au Brésil ou aux États-Unis – qui restent deux grands pays producteurs et consommateurs – et à partir des années 1990 en Europe, les biocarburants répondent au départ à des objectifs divers : valoriser des ressources agricoles, améliorer l’  d’un pays, assurer des revenus aux agriculteurs.

Au tournant du siècle, alors que la préoccupation climatique croît, ils apparaissent comme moins émetteurs de CO2 que les carburants pétroliers. A partir de 2003, l’Union européenne (UE) incite ses États membres à fixer des objectifs contraignants d’intégration de biocarburants dans les carburants classiques.

Les limites et controverses des biocarburants

Mais experts et mouvements écologiques commencèrent à s’interroger sur plusieurs aspects de la production des biocarburants :

  • quel bilan en termes d’ et d’émissions de CO2 ? Il faut de l’énergie à chaque étape de la chaîne de production des biocarburants, des engrais et pesticides pour la culture, des machines pour la transformation, des moyens de transports, etc. ? Chaque étape implique un bilan carbone qui doit être pris en compte en bout de chaîne ;
  • quel équilibre entre les besoins pour l’alimentation et les besoins pour les biocarburants (résumé dans la formule en anglais « food vs fuel ») ? Si on consacre beaucoup de terres agricoles aux biocarburants, la production alimentaire ne risque t-elle pas d’être menacée, notamment dans des régions où elle est déjà précaire, comme en Afrique ?
  • quelles conséquences dans l’affectation des sols ? L’attribution aux filières de biocarburants de vastes surfaces peut provoquer l’exode rural de populations, accélérer la déforestation comme en Indonésie avec le développement des palmiers à huile, ou conduire les agriculteurs à conquérir de nouveaux espaces autrefois dévolus à la forêt ou à des zones humides.. On parle alors d’ILUC (indirect land use change) ou de CASI (changement d’affectation des sols indirect).

Le débat a été – et est toujours – particulièrement animé en Europe entre les élus, les mouvements environnementaux, les professionnels agricoles et les industriels. En octobre 2025, l’ONG Transport et Environnement (T&E) a même estimé dans un rapport que les biocarburants émettent à l’échelle mondiale 16 % de plus de gaz à que les carburants fossiles.

Les biocarburants avancés et les alternatives

Les industriels font valoir qu’une transition est en cours vers des biocarburants avancés, dits de deuxième génération, produits à partir de déchets agricoles et forestiers ou d’huiles alimentaires usagées. Ils ne sont donc plus en concurrence avec les cultures destinées à l’alimentation. En outre, se développent également des carburants synthétiques (e-fuels) produits avec de l' vert. Des recherches sont mêmes menées sur des Carburants Carbonés Recyclés (RCF), produits à partir de déchets comme les pneus usagés.

Cette évolution ne résout pas tout. L’extension aux transports maritime et aérien va exiger des quantités croissantes de nouveaux carburants qui risquent d’introduire une vive concurrence et donc une augmentation des prix. Les huiles alimentaires usagées sont limitées et les « résidus » agricoles sont actuellement déjà utilisés comme combustibles ou comme éléments d’alimentation animale.

Les biocarburants dits de « deuxième génération » diminueront le risque de concurrence avec l’alimentation.

Les critères européens de durabilité

Depuis plus de vingt ans, l’Union européenne a été en pointe dans la mise en place de “critères de durabilité” et d’objectifs d’intégration.  

En 2025, la directive RED III, héritière de la « Renewable Energy Directive » (RED), impose des critères de durabilité renforcés pour les biocarburants : réduction d’au moins 65 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux carburants fossiles, traçabilité accrue des matières premières pour éviter les fraudes.  Elle fixe :  

  • un objectif d’au moins 29 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie dans le secteur des transports ;  
  • un sous-objectif contraignant de 5,5 % pour les biocarburants avancés et les e-fuels.

L’Union européenne a également commencé à fixer des objectifs pour la marine, notamment une réduction des émissions de gaz à effet de serre du transport maritime, de 2 % en 2025 à 80 % d’ici 2050. Pour le transport aérien, l’UE Impose des pourcentages croissants de Carburants d'Aviation Durables (SAF) à partir de 2025, incluant une part croissante de carburants synthétiques. 

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