Transports mondiaux : émissions de CO2 en hausse

Actualisé le 31.03.2020
Lycée
Sciences de la vie et de la terre

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La mondialisation des économies, l’élévation des niveaux de vie et le développement du tourisme ont contribué depuis la fin du XXe siècle à accroître le volume des transports, de passagers et de biens. Ce mouvement va se poursuivre d’ici 2050 et le transport est le secteur où la progression des émissions de CO2 est aujourd’hui la plus forte.

Des porte-conteneurs dans un port d'échanges commerciaux

Vers un triplement d’ici 2050

Le transport mondial implique différents modes (la route, le rail, l’aviation, la navigation) opérant sur deux grands volets :
  • Le fret commercial : il est en forte hausse, en raison de la progression des échanges et de la diversification des « chaînes de valeur » des produits. Ceux-ci ne sont plus fabriqués en un seul point mais composés généralement d’éléments venus de différentes usines dans le monde. Environ 70 % est assuré par la mer, 18 % par la route, 9 % par le rail, 2 % par les canaux, et moins de 0,25 % par les airs.
  • Le transport des passagers : compte tenu du développement des métropoles, les déplacements « urbains » courts deviennent les plus nombreux. Les autres mouvements sont des parcours terrestres plus longs (route ou rail) et des voyages aériens, en hausse continue depuis plusieurs années.

Selon l’ITF(International Trade Forum)1 , ces deux blocs devraient chacun tripler en volumes entre 2015 et 2050 si les tendances actuelles de la demande se poursuivent.

+ 60 % :
la hausse des émissions de CO2 du secteur des transports d’ici 2050 si des mesures de transition ne sont pas adoptées.

Les émissions de CO2

La quasi-totalité des transports (hors le rail) sont assurés par des produits pétroliers. Le transport des passagers est la cause de 60 % des émissions de CO2, le fret de 40 %.

 

Au total, en 2018, 24 % des émissions mondiales de CO2 dues à la combustion d’énergie relève du secteur des transports2. Sur cette part, le transport routier passagers et fret (voitures, camions, bus, deux roues) est de loin le premier responsable : près des trois quarts des émissions de CO2. L’aviation et la navigation sont à peu près à égalité : un peu plus de 11 % chacune. Le rail est très peu émetteur (1,2 %).

 

Sur la base des politiques actuelles, on estime que les émissions mondiales du transport devraient augmenter de 60 % entre 2015 et 2050. Or pour atteindre les objectifs de l’accord universel de Paris, il faudrait que les émissions du fret baissent de 45 % et celles du transport de passagers de 70 %.

Le transport aérien pèse pour 11 % dans les émissions totales de CO2 du secteur des transports (une part de 2,5 % dans les émissions mondiales tous secteurs).
Des bouleversements à prévoir

Les prévisions sont rendues difficiles en raison de bouleversements possibles.

  • La mobilité électrique. Si l’essor des voitures électriques s’accélère, grâce notamment aux décisions stratégiques chinoises, elles ne représentent encore que moins de 1 % du parc mondial en 2018. Pour répondre au scénario de l’Accord de Paris, il faudrait que cette part atteigne 15 % en 2030. En outre, les consommateurs aux États-Unis, et de plus en plus en Europe et en Asie, manifestent une attirance pour les grosses voitures et les SUV. Cette tendance, s’ajoutant au recul du en Europe, fait que les émissions de CO2 des voitures neuves ont progressé en 2017 et 2018.
  • La nouvelle mobilité urbaine. L’auto-partage et la prépondérance des transports publics, déjà engagés dans de nombreuses villes, pourrait conduire à une diminution de 30 % des émissions de ce secteur d’ici 2050. Le e-commerce tend à faire croître les émissions mais les véhicules autonomes, sans conducteur, et l’augmentation du télétravail peuvent agir dans l’autre sens. 
  • Les transports aériens. Il y a environ 28 000 avions de ligne dans le monde, qui émettent 2,5 % des émissions totales de CO2 (11% des émissions dues au transport). La multiplication des compagnies low-cost a encouragé une hausse spectaculaire de l’activité aérienne (+140 % depuis 2000). Les émissions de CO2 ont progressé de 32 % de 2013 à 2018, même si un vol émet moitié moins de CO2 que le même vol en 1990 grâce aux innovations technologiques. Cette situation a provoqué en Europe, notamment en Suède, des appels au boycott de l’avion. Mais mondialement, le développement devrait se poursuivre. Le nombre des passagers aériens chinois et indiens devrait être multiplié par 4 d’ici 2050.
  • Les compagnies aériennes et les constructeurs se sont fixé pour cap de réduire de moitié en 2050 leurs émissions par rapport au niveau de 2005. La taxation du ou la généralisation de la taxe carbone seraient de nature à réduire la progression du nombre de passagers. De nouvelles améliorations de l’ sont possibles : structures plus légères, aérodynamique améliorée et surtout nouveaux modes de propulsion. Mais aucune solution n’est idéale : le kérosène est très émetteur, l' nécessite d’énormes réservoirs, les batteries pour la propulsion électrique sont trés lourdes, et les biocarburants posent un problème de production de masse.
  • La navigation maritime. Aujourd’hui près de 100 000 navires commerciaux sillonnent les mers, de plus en plus gros (essentiellement des porte-conteneurs, des pétroliers, des vraquiers). Comme dans l’aviation, l’Organisation maritime internationale a appelé les transporteurs maritimes à réduire leurs émissions de 50 %, d’ici 2050 (par rapport à 2008). Une première solution – mais qui pose un problème de rendement - est de réduire la vitesse des navires. Une autre solution est de remplacer le fuel très polluant par un autre carburant. Des navires sont déjà propulsés au gaz naturel liquéfié. Le GNL a l’avantage de réduire de 20 % les émissions de CO2 mais aussi de supprimer presque complètement les émissions d’oxydes de soufre et de particules ultra-fines. Les autres solutions de propulsion ( , hydrogène, électricité) sont moins matures. Quelques entreprises testent des solutions utilisant des voiles.

 

Références :

Organe spécialisé des pays développés de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique). Voir l’étude 2019
Il s’agit des émissions hors agriculture et utilisation des sols.

 

Sources :
  1. Rapport annuel ITF (en anglais uniquement)
  2. Statistiques du transport en France
  3. Les Échos

 

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