Climat : le rapport du GIEC sur le scénario +1,5 °C

Publié le 12.12.2018
Collège
Sciences de la vie et de la terre

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L’Accord de Paris sur le climat, signé en décembre 2015 lors de la COP21, a appelé à contenir l’augmentation de la température moyenne de la planète « nettement en dessous de 2 °C » d’ici 2100 et même à viser une limitation à +1,5 °C. La COP21 avait chargé les experts du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) d’analyser les conséquences possibles du scénario à +1,5 °C. Le GIEC a rendu ce rapport en octobre 2018. Voici quelques-unes de ses conclusions1.

Image montrant un iceberg qui se détache de la banquise sur la côte Knox, dans la partie australienne de l'Antarctique (pôle Sud).

Rythme du réchauffement : la température moyenne de la planète a déjà augmenté d’1 °C environ par rapport à l’ère préindustrielle2. La hausse est aujourd'hui autour de 2 dixièmes de degré par décénnie. A ce rythme, le réchauffement pourrait atteindre 1,5 °C entre 2030 et 2052 et 3 °C d’ici 2100.

+3 °C :
le réchauffement probable de la planète en 2100 si le rythme actuel se poursuit.

Vagues de  : plus le réchauffement moyen augmente, plus les vagues de chaleur sont aigues. A +1,5 °C, une vague de chaleur dans les pays tempérés sera supérieure de 3 °C à ce que nous connaissons aujourd’hui. Et les canicules seront plus longues.

Pluies torrentielles : au-delà de +1,5 °C, les pluies torrentielles typiques des zones tropicales gagneront les hautes latitudes de l’hémisphère nord (Amérique du nord, Europe du nord, Asie de l’Est).

Niveau des océans et des mers :  un réchauffement de +1,5 °C entraînerait une élévation du niveau de 26 à 77 centimètres selon les endroits. Une hausse de +2 °C signifierait 10 cm de plus. C’est peu en apparence, mais cela signifie un risque pour au moins 10 millions de personnes supplémentaires.

Le niveau des océans s’élèvera de 26 à 77 cm, selon les lieux, dans le scénario de réchauffement climatique le plus favorable.

Dégel de l’Arctique : avec un scénario à +1,5 °C, l’océan arctique (pôle Nord) connaîtrait un épisode de dégel complet une fois par siècle. A +2 °C, un tel épisode risque de revenir une fois par décennie, avec des conséquences sur le niveau des océans.

Impact sur la pêche : la prise annuelle de poissons pourrait être réduite de 1,5 millions de tonnes avec une augmentation de 1,5 °C, de plus de 3 millions de tonnes avec +2 °C. Les bancs de poissons remonteront vers les eaux plus froides. Or la pêche est essentielle à la survie de centaines de millions d’habitants dans les pays tropicaux et équatoriaux.

Eau et agriculture : un scénario à +2 °C plutôt qu’à +1,5 °C augmente tous les risques dans les pays les plus pauvres, notamment l’accès à l’eau potable, le rendement des récoltes, la résistance aux épidémies.

Dégel du permafrost : ce sol gelé en profondeur va fondre sur 1,5 million de km2 dans le scénario +1,5 °C. La fonte s’étendra sur 2.5 millions km2 dans le scénario à 2 °C. La fonte du permafrost libère de nouvelles quantités de gaz à .

Massifs coralliens : le corail devrait décroître d’au moins 70 % avec une augmentation de 1,5 °C. Au-delà, il disparaîtrait à 99 %.

 

Les solutions

Réduire les émissions : pour rester en dessous du plafond de +1,5 °C, il faudrait diminuer les émissions de CO2 anthropiques (provoquées par l’homme) de 45 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2010. En 2050, il sera nécessaire d'atteindre une « neutralité carbone », c’est-à-dire de ne pas émettre plus de CO2 dans l'atmosphère que l’on peut en retirer.

Réduire les énergies fossiles : le charbon devrait représenter moins de 2 % de la production d’électricité en 2050 (contre 38 % en 2017). Les énergies renouvelables devraient représenter 70 % à 85 % du .

Financer les transitions : l'économie mondiale devra dépenser 2 400 milliards de dollars chaque année d’ici 2035 pour rester sous le plafond de + 1,5 °C.  Des chiffres élevés mais très inférieurs à ce que seraient les coûts si aucun progrès significatif n’est fait avant 2030.

 

Canicules et tempêtes sont-elles dues au réchauffement climatique ?

Plusieurs instituts de recherche sur le climatse sont regroupés pour étudier les phénomènes extrêmes (tempêtes, pluies diluviennes, vagues de chaleur et de froid, sécheresses) et déterminer à chaque fois s’ils ont un lien avec l’augmentation de la température moyenne du globe.

Plus de 25 événements ont été étudiés depuis 2015 sur la plateforme World Weather Attribution (WWA). Les scientifiques dégagent plusieurs tendances qui vont dans le sens d’événements extrêmes plus « probables » avec le réchauffemennt :

  • Une température moyenne plus élevée conduit à des canicules plus fortes et des vagues de froid moins marquées.
  • Les températures enregistrées pendant l’hiver 2017-2018 en Amérique du Nord et en Europe du Sud-Est (Italie, Balkans, Turquie) étaient plus hautes (autour de +2 °C) que celles de vagues de froid précédentes.
  • La canicule de juillet 2018 en Scandinavie, qui s’est ressentie dans toute l’Europe, avait « 2 fois plus de probabilités » de se produire dans le contexte actuel de .
  • L’impact du réchauffement sur la violence des tempêtes est moins évident. Le WWA n’a pas relevé d’incidence significative sur les deux tempêtes qui ont frappé l’Europe en janvier 2018 : la tempête Frederieke en Europe du Nord-Ouest et la tempête Elanor (la plus meurtrière en France depuis Xynthia en 2010). Mais, la montée du niveau des océans a tendance à aggraver la violence des tempêtes.

    Sources : 

    1. Le rapport de 400 pages est l’oeuvre d’un groupe de travail du GIEC, co-présidé par la chercheuse  française Valérie Masson-Delmotte (voir…).
    2. La Révolution industrielle commence dès le XVIIIe siècle, mais les climatologues retiennent 1850-1900 comme la période de référence.
    3. Le WWA regroupe :  Environmental Change Institute, University of Oxford (ECI), Royal Netherlands Meteorological Institute (KNMI), Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE), University of Princeton, National Center for Atmospheric Research (NCAR), Red Cross - Red Crescent Climate Centre (The Climate Centre).

     

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