Chine : les grands équilibres énergétiques

Actualisé le 14.11.2025

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Histoire, géographie et géopolitique

La Chine a connu des bouleversements spectaculaires depuis les années 1980. Partant d’une économie communiste fermée sur elle-même et en panne, le pays s’est ouvert à la mondialisation, a pris une place majeure dans les échanges avec toutes les régions du monde et est devenu une « super-  » économique et géopolitique. Cette mutation a nécessité et nécessitera des besoins considérables en énergie. 

5 %
La croissance de la Chine en 2024 contre 2,8 % aux Etats-Unis et 1% en Europe

Maintenir la croissance, réduire les émissions de CO2

L’équilibre énergétique de la Chine doit répondre à deux exigences contradictoires : assurer une croissance qui, même si elle ralentit, reste supérieure à celle des autres grands pays, réduire les émissions de gaz à pour s’inscrire dans les accords internationaux sur le climat.

Après des taux de croissance à 3 % au moment de la crise de la Covid-19, la croissance chinoise a été de 5 % en 2024, contre 2,8 % aux Etats-Unis et 1 % dans l’Union européenne. Cela signifie une consommation énergétique qui va sans doute se poursuivre à un rythme annuel d’au moins 3 %.

Dans le même temps, la Chine a fixé pour la première fois des objectifs climatiques ambitieux : un « pic » des émissions avant 2030 et la neutralité carbone vers 2060 (l’Europe s’y est engagée d’ici 2050). 

Le charbon toujours dominant

La Chine continue cependant de construire des centrales à charbon et a annoncé en 2024 un nouveau programme. Les autorités chinoises ont fait valoir qu’elles sont indispensables pour soutenir la stabilité du réseau face aux intermittentes qui sont en plein essor.

Le charbon a été décisif dans le grand bond économique chinois. C’est une ressource dont le pays dispose en grandes quantités. La Chine est non seulement le premier producteur mondial (elle dispose des 2e réserves de charbon du monde après celles des États-Unis), mais aussi le premier importateur, devant l’Inde. La part du charbon dans la production de l’ est encore de plus de 60 % (contre 1,8 % en France et 30 % aux États-Unis).

Les nouvelles centrales sont cependant plus petites, plus performantes et … plus éloignées des villes pour réduire une pollution devenue dangereuse pour la santé des citadins.

Selon l' , cette stratégie reflète une volonté de sécuriser l’approvisionnement énergétique, mais elle soulève des interrogations sur la compatibilité avec les objectifs climatiques mondiaux, notamment ceux fixés par l’Accord de Paris. L’AIE souligne que la poursuite d’investissements dans le charbon pourrait rendre plus difficile l’atteinte de la neutralité carbone.

Le saviez-vous ?
En 2024, la Chine a installé plus de capacités solaires que tout le reste du monde

Les énergies renouvelables en plein “boom”

Le volontarisme de la Chine dans le recours aux énergies renouvelables ne peut être mis en doute. En 2024, la Chine a installé plus de capacités solaires que tout le reste du monde. L’immensité du pays et ses grandes capacités industrielles permettent à la Chine de développer de très grands parcs solaires et éoliens. Fin 2024, ces deux énergies renouvelables ont assuré une part de 26 % dans la production électrique chinoise, un niveau encore jamais atteint (13,6 % pour l’éolien, 12,4 % pour le solaire). La Chine dispose en outre des plus grandes capacités mondiales d’ , symbolisées par la centrale hydro-électrique géante des « Trois gorges », mise en production entre 2006 et 2009, sur le fleuve Yangzi Jiang. Sa puissance est estimée à 22 500 MW (par comparaison, la plus grande centrale française, celle de Grand’Maison, atteint 1 800 MW).

Trouver des fournisseurs de gaz et de pétrole

La Chine n’est pas un grand pays producteur d’hydrocarbures. Le pays est devenu le plus grand importateur de pétrole du monde. Le gaz ne représente qu’un peu plus de 5 % de la consommation totale d’énergie primaire du pays, mais ses importations s’accélèrent et la Chine est devenue un acteur majeur sur le marché mondial du .

Cette situation de dépendance aux hydrocarbures a une forte influence sur la géopolitique. La Chine renforce sa flotte militaire et investit dans beaucoup de « hubs » économiques mondiaux ; elle construit aussi beaucoup de liaisons terrestres et maritimes de transport avec l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe (les « nouvelles routes de la soie ») pour assurer son approvisionnement et en même temps favoriser les débouchés de ses produits. La Russie, privée de ses débouchés en Europe en raison de la guerre en Ukraine, souhaiterait construire un nouveau pipeline à travers la Sibérie. Mais la Chine tient à diversifier ses fournisseurs, notamment dans le Golfe et en Asie centrale. 

Le nucléaire toujours en progression

Avec une capacité de 55 GW, la Chine avait fin 2024 le troisième plus grand parc nucléaire mondial, derrière les Etats-Unis (97 GW) et la France (63 GW en incluant le nouveau réacteur EPR). Mais elle devrait bientôt gagner la deuxième place puisqu’elle a engagé la construction de 30 GW supplémentaires.

Cette progression se poursuivra au-delà de 2025, dans un contexte mondial qui est favorable au développement du nucléaire.

La géopolitique de l’énergie

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