Samsø : une île-laboratoire

Publié le 21.02.2018
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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La petite île danoise de Samsø, comparable en taille à Belle-Île en France, veut être une vitrine européenne de la . Elle ne teste pas des technologies de pointe mais valide des méthodes, aidée bien sûr par le caractère exigu de son territoire et la cohésion de sa communauté.

Dix éoliennes off-shore ont été installées au large de Samsø pour assurer une production électrique consommée localement ou exportée sur le réseau danois

L’alimentation en énergie de l’île de Samsø ne pose pas de problème particulier. Enserrée entre le Jutland, la partie continentale du Danemark, et le Seeland, la partie insulaire où se trouve la capitale Copenhague, l’île n’est jamais à plus de 50 km des côtes danoises. Elle est reliée au réseau électrique central du Danemark et les liaisons maritimes sont nombreuses pour assurer l’approvisionnement en carburants des quelques 4 000 habitants qui occupent son petit espace de 114 km2.

Mais elle a été choisie dès les années 1990 par le gouvernement danois pour évaluer si le « tout-renouvelable » était une hypothèse envisageable techniquement et acceptable socialement. En 2006, une « Académie de l’énergie »1 a été mise en place, qui mène un travail de sensibilisation et reçoit régulièrement des délégations de territoires d’Europe et du monde entier.

Des éoliennes exportatrices d’électricité

Les premières mesures ont été d’assurer une production électrique par 11 éoliennes terrestres réparties en trois parcs puis 10 grandes éoliennes off-shore à 3 km des côtes. Un relais électrique collecte la production de chaque parc et la dispatche à la fois vers les habitations de l’île, jusqu’à satisfaction des besoins, et vers le réseau national danois. La balance est très nettement en faveur des exportations : trois quarts des 105 000 MWh annuels vont approvisionner le réseau national. Ce dernier s’appuie déjà fortement sur l’énergie éolienne, compensant l’intermittence par des connexions étroites avec l’hydroélectricité norvégienne et le réseau du nord de l’Allemagne. 

Afin d’impliquer les citoyens, une partie des éoliennes sont la propriété des habitants de l’île sous une forme coopérative.

L’île danoise de Samsø accueille des visiteurs du monde entier pour montrer les bonnes pratiques de la transition énergétique.

75 % du chauffage par réseaux

L’autre souci des responsables de Samsø a été de réduire l’usage du fuel importé pour le chauffage et la fourniture en eau chaude des maisons et des petites entreprises de l’île. Plusieurs chaufferies et un réseau dense de distribution de ont été installés. Dans le nord de l’île, un parc solaire thermique est combiné avec une chaudière à copeaux de bois. Dans le centre et le sud, des petites centrales utilisent un dérivé de la paille. Les trois quarts du chauffage de l’île sont assurés ainsi. Les habitations plus isolées ont installé individuellement des capteurs solaires, des pompes à chaleur géothermiques ou des poêles à granulés. Samsø dispose d’un grand terrain de golf, dont tous les équipements ont été conçus dans une optique de durabilité.

Les habitants de Samsø émettaient autrefois 45 000 tonnes de CO2 par an. Selon l’Académie de l’énergie, l’ de l’île est devenue négative (-15 000 tonnes) grâce à la compensation assurée par l’exportation importante d’électricité renouvelable vers le réseau central danois. La balance très positive des échanges électriques compense, selon eux, les émissions dues notamment aux transports.

Remplacer peu à peu les carburants fossiles

Le prochain objectif est de faire tendre vers zéro l’usage des carburants fossiles. Un grand projet de centrale à a été engagé en 2017 pour traiter tous les déchets organiques de l’île, solides et liquides. Les trois ferries utilisant le fuel qui assurent les liaisons avec Samsø doivent progressivement être remplacés par des bateaux fonctionnant avec ce biogaz produit sur l’île. La municipalité a déjà fait passer la moitié des véhicules de services à l’électricité et mis en place cinq stations de recharge sur le petit espace de l’île. Selon les prévisions, la moitié du parc automobile devrait être électrique ou au biogaz d’ici 2020.

 

Sources :
  1. Voir la présentation de "l'Académie de l'énergie", page 2 (en anglais uniquement)

 

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