Décryptages
Les enjeux de la transition énergétique
Les énergies fossiles ne sont pas inépuisables et, étant émettrices de CO2, elles contribuent au réchauffement climatique. Face à ce constat, la plupart des pays du monde ont engagé une « transition énergétique ». Mais quel est le chemin pour y parvenir ? L’Agence internationale de l’énergie a publié un scénario qui permettrait à notre planète d’atteindre en 2050 la « neutralité carbone ».

La « transition énergétiqueLa transition énergétique désigne le passage du système actuel de production d'énergie... » désigne le passage d’un système de production et de consommation d'énergie, aujourd’hui axé sur des énergies non renouvelables (pétrolePétrole non raffiné. , gaz, charbon), à un autre mix énergétiqueLe mix énergétique, ou « bouquet énergétique », décrit la répartition des différentes sources d’énergies utilisées pour la consommation énergétique d’un territoire... plus efficace et plus décarbonéUne énergie décarbonée est une énergie qui n’émet pas (ou très peu) de dioxyde de carbone (CO2) lors de sa production. . Ce type de « transition » n’est pas un phénomène sans précédent. Le charbon au milieu du XIXe siècle, le pétrole au milieu du XXe, le nucléaire civil dans les années 1970 ont introduit des évolutions majeures dans les mix énergétiques, même si ces différentes sources ne se sont pas substituées les unes aux autres mais plutôt additionnées.
Pas de mix énergétique idéal et universel
60 % : la part des voitures électriques dans le monde dès 2030 (objectif AIE).
La plupart des experts se retrouvent sur un certain nombre de constats :
- il n’y a pas de mix idéal qui s’imposerait partout dans le monde. La transition énergétique est propre à chaque pays ou groupe de pays, même si l’adoption de grands objectifs mondiaux est recherchée lors de sommets climatiques internationaux ;
- les systèmes énergétiques présentent une grande inertie, les transitions énergétiques sont lentes ;
- les transitions énergétiques ne pourront pas être réussies sans ruptures technologiques et sans modifications profondes des usages de l’énergie par les consommateurs. L’Agence internationale de l’énergie a néanmoins travaillé sur des scénarios globaux, à l’échelle de la planète, et a insisté sur l’exigence d’aller vite - horizon 2050 - si l’on veut limiter à 1,5 °C l’augmentation de la température moyenne avant la fin du siècle.
L’AIE est l’organisation spécialisée qui regroupe les pays occidentaux développés, mais elle accueille depuis 2015 des « membres associés » comme la Chine, l’Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, ce qui lui confère une audience mondiale.
Pour la première fois, elle a publié en mai 2021 un rapport spécial qui dessine un monde de « neutralité carbone » en 2050, c’est-à-dire où il n’y ait pas plus d’émissions de CO2Dioxyde de carbone. Avec la vapeur d'eau, c’est le principal gaz à effet de serre (GES) de l'atmosphère terrestre... que l’on peut en capter1. L’AIEL'AIE (IEA en anglais) est une agence autonome au sein de l'OCDE, créée en 1974 lors du premier choc pétrolier... estime que le chemin est « étroit mais possible ».
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Que serait un monde neutre en carbone ?
Le saviez-vous ? L’électricité dans le monde pourrait être entièrement « décarbonée » dès 2040 (objectif AIE).
Selon cette vision de l’avenir, qui n’est bien sûr pas une certitude, et qui pourra être variable d’un pays à l’autre :
- Moins d’énergie, plus d’habitants ? La demande en énergie baisserait de 8 %, alors que l’activité mondiale aura doublé et qu’il y aura 2 milliards d’habitants de plus ! Cela suppose des changements de comportements, notamment dans les transports, et des progrès continus dans l’« efficacité énergétiqueEn économie, l'efficacité énergétique désigne les efforts déployés pour réduire la consommation d'énergie d'un système... ».
- L’avenir est « électrique ». La moitié de la consommation totale serait assurée par l’électricité, de plus en plus nécessaire pour les concentrations urbaines, les voitures et les outils numériques qui continuent leur essor.
- Une électricité totalement décarbonée. Dès 2040, 90 % proviendrait des énergies renouvelablesOn appelle énergie renouvelable une source d'énergie dont le renouvellement naturel est immédiat ou très rapide... (dont 70 % de l’éolien et du photovoltaïque), 10 % du nucléaire. Un seul exemple : pour atteindre les objectifs du solaire, il faudra construire chaque jour l’équivalent du plus grand parc photovoltaïque actuel !
- Des transports plus « propres ». Les avions volent largement aux biocarburantsUn biocarburant est un carburant produit à partir de matières végétales ou animales... , les poids lourds et porte-conteneurs à l’hydrogèneL'hydrogène est l'atome le plus simple et le plus léger. C'est l'élément de très loin le plus abondant de l’univers. ou au biogazLe biogaz est l'un des produits de la méthanisation (digestion anaérobie) de déchets d’origine biologique... . On prévoit 60 % de voitures électriques dès 2030.
- Des technologies, encore des technologies. Les technologies connues doivent se perfectionner et de nouvelles apparaissent : des batteries beaucoup plus grosses et performantes, des procédés pour capter, stocker et valoriser le CO2 des usines et de l’air, des électrolyseurs qui fabriquent de l’hydrogène « vert ».
- Et dès maintenant, l’AIE préconise l’arrêt de tout nouveau projet dans les énergies fossiles et une action concertée au niveau mondial pour accroitre les capacités d’absorption des forêts et des sols.
Mais il faudra être vigilant dans différents secteurs :
- Attention au contrôle de l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque, pour ne pas perturber les réseaux électriques.
- Attention à la cybersécurité pour protéger des systèmes de plus en plus « intelligents » mais piratables.
- Attention aux métaux dont les réserves sont limitées (cobalt, lithium…) et aux « terres rares » qui seront indispensables pour produire de telles quantités de voitures électriques, d’éoliennes, de parcs solaires.
« L'âge de pierre ne s'est pas terminé par manque de pierres. L'âge du pétrole ne s'achèvera pas avec le manque de pétrole ». Telle est la célèbre formule utilisée par Cheikh Yamani, ancien ministre saoudien du pétrole saoudien, dans une interview au Daily Telegraph, le 25 juin 2000.
Sources :
(1) Net Zero by 2050 – Analysis - IEA