Points de vue
L'avenir du solaire

Sven RösnerDirecteur adjoint de l’Office franco-allemand des énergies renouvelables"La R&D est essentielle dans le secteur du photovoltaïque pour positionner l’Europe sur le segment du solaire de haute performance"
La R&D est essentielle dans le secteur du photovoltaïque pour positionner l’Europe sur le segment des cellules solaires de haute performance, pour se différencier face à la production de masse des pays asiatiques. Sven Rösner, directeur adjoint de l’Office franco-allemand des énergies renouvelablesOn appelle énergie renouvelable une source d'énergie dont le renouvellement naturel est immédiat ou très rapide... , explique à Planète Énergies les perspectives ouvertes par une étroite coopération des chercheurs européens.
L’approche européenne du développement du solaire photovoltaïque représente une alternative à la compétition sur le prix des panneaux classiques qui représentent aujourd’hui la grande majorité des modules vendus. Sur ce marché, les pays de l’Asie de l’Est, notamment la Chine, ont établi une position dominante reconnue. L’approche est de se concentrer sur l’amélioration du rendement des cellules, de leur longévité, sur de nouvelles technologies de couches minces, de siliciumLes cristaux de silicium sont issus de la silice, principal composant du sable et du quartz. Le silicium est un matériau semi-conducteur. poly- et monocristallin, de cellules organiques, et sur l’efficacité des processus de fabrication. Un point important est aussi d’améliorer la formation continue des fabricants de modules.
Cette recherche de la haute qualité est en phase avec les orientations industrielles française et allemande qui privilégient les centrales sur les toits, de superficie plus réduite que les grandes fermes solaires au sol.
Pour réussir, il faut unir les efforts. C’est le sens des projets communs dits EERA (European Energy Research Alliance) et notamment de ceux qui concernent le solaire photovoltaïque (EERA-PV). Ils associent 37 partenaires dans 19 pays, avec un rôle majeur joué par le CEA-INES, l’institut Fraunhofer-ISE de Fribourg, l’institut Helmholtz de Berlin.
Les moyens financiers de chaque institut sont limités. Il ne s’agit donc pas de créer de nouvelles unités avec de nouveaux budgets mais d’utiliser les infrastructures existantes dans un pool. Tel a de l’équipement pour travailler sur le silicium cristallin, tel autre a des outils de mesure des couches minces : donc on partage les équipements, on partage les résultats, on partage les connaissances. On crée en quelque sorte un « laboratoire virtuel » qui bénéficie de tous les atouts des laboratoires impliqués. Les chercheurs de chaque institut se sont organisés en réseau, en cinq groupes de travail qui échangent leurs données et se rencontrent régulièrement, sous l’égide d’une cellule de coordination.
Vers un « Airbus » européen du solaire ?
Le travail de ces chercheurs est conduit en lien étroit avec l’industrie européenne. La volonté de tout chercheur est de « réaliser ». Mais passer d’un monde idéal où tout est possible à un monde industriel où il faut « rentabiliser » et trouver des solutions viables financièrement, est difficile.
Il y a un bel exemple franco-allemand : dans le cadre du projet Solarbond conduit avec le CEA-TECH, l’institut Fraunhofer ISE a développé une technologie de transfert de couches de cellules solaires ultraminces reprise par la société française Soitec. Cette cellule, équipée d’une lentille, est aujourd’hui le cœur du dispositif photovoltaïque le plus efficace du monde.
C’est une approche pragmatique, concrète, fondée sur des convergences réelles. On entend souvent des appels à construire un « Airbus du solaire », c’est-à-dire un géant européen du secteur. L’idée est intéressante mais il faut également se poser la question du devenir des sociétés déjà en place, qui risqueraient d’être bousculées, et de la réalité de la demande du marché, européen et mondial. Selon l’expression d’Andreas Rüdinger, chercheur à l’IDDRI à SciencesPo, « avant de parler d’un Airbus de l’énergie, il faut d’abord penser à construire la piste d’atterrissage »…
Directeur adjoint de l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables (OFAEnR), Sven Rösner est responsable des relations avec les partenaires de l'OFAEnR et représente l'association à l’occasion de manifestations extérieures (colloques, conférences, séminaires, salons professionnels). Sven Rösner a auparavant été Marketing Manager chez kiloWattsol, expert technique indépendant dans le domaine du photovoltaïque. Dans le cadre de ses responsabilités, il a entre autres participé à la publication d'études sur le marché du photovoltaïque en France et a contribué à la réalisation de plusieurs projets solaires.