Madagascar : transition énergétique complexe

Publié le 21.02.2018
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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Madagascar est la 5e plus grande île du monde1, dans l’océan Indien, à quelques centaines de kilomètres du continent africain. S’étendant du nord au sud sur plus de 1 500 km, elle est d’une superficie supérieure à celle de la France et de la Belgique réunies, avec une population de 25 millions d’habitants en 2017 qui croît de 2,7 % par an (moyenne mondiale +1,2 %).

Photo d'une unité solaire photovoltaïque dans un village de Madagascar.

Traversée par le tropique du Capricorne, Madagascar connaît des climats très différents, allant d’un système tropical avec régime de mousson au nord-ouest jusqu’à une situation quasi désertique à la pointe sud, qui est la partie la plus pauvre de l’île.

Les paysages sont d’une grande diversité, entre les plaines côtières et les hauts plateaux du centre – les « hautes terres » - qui s’étagent entre 1 000 et 1 500 mètres et représentent 70 % de la superficie du pays. Cette variété confère à Madagascar une richesse biologique exceptionnelle. Mais celle-ci est menacée par la déforestation, due à l’agriculture sur brûlis2 et à la production de , ressource essentielle dans les vastes zones rurales du pays. Même si le mouvement a été stoppé, les terres du pays ont été parmi les plus convoitées par les investisseurs étrangers, notamment indiens et coréens, à la recherche d’espaces agricoles. Comme la plupart des pays africains et asiatiques, Madagascar connaît un très fort exode rural qui provoque une expansion mal maîtrisée des grandes agglomérations.

Madagascar est l’un des dix pays les plus pauvres du monde, où 80 % d’habitants gagnent moins de 2 dollars par jour. Il est également l’un des plus menacés par le et a connu en 2015 et 2016 les pires années de sécheresse depuis 35 ans, dues notamment au phénomène El Niño, qui provoquent régulièrement des famines. Madagascar subit aussi régulièrement des phénomènes climatiques extrêmes, comme le cyclone Enawo en avril 2017. Malgré ces handicaps, l’économie, avec l’appui de l’aide internationale, a une forte capacité de résilience. La croissance progresse depuis quelques années et devrait atteindre 4,7 % en 2017, selon la Banque mondiale3.

 

Un mix énergétique dominé par le bois

La consommation finale en énergies primaires dépend à environ 80 % de la , essentiellement le bois et le charbon de bois, utilisée pour le chauffage et la cuisson des aliments. Les produits pétroliers, importés dans leur quasi-totalité, représentent 17 % du et sont consacrés essentiellement au transport. La part de l’électricité n’est que de 2 %.

Les difficultés des liaisons entre les ports et les hauts plateaux ont pour effet de rendre difficile la distribution des carburants. Il faut sept heures de route pour rallier le grand port de Toamasina (Tamatave en français) à la capitale Tananarive, dans le centre de l’île. Le port pétrolier d’Antsiranana (Diego Suarez) est situé à l’extrême nord de l’île et celui de Mahajanga (Majunga), sur la côte occidentale. Or les hauts plateaux concentrent l’activité, la capitale utilisant à elle seule la moitié de la consommation d'hydrocarbures, alors qu'elle ne représente que 10 % de la population.

700 MW :
La capacité électrique totale de Madagascar, soit à peine plus que la Corse.

La grande faiblesse de l’électrification

Le taux d’électrification est l’un des plus faibles de l’Afrique sub-saharienne : moins de 20 % de la population a accès à l’électricité, selon les estimations de la Banque mondiale, et ce taux tombe à 5 % dans les zones rurales, plongées dans le noir dès que la nuit tombe.

La capacité électrique totale du pays est estimée à moins de 700 MW, soit à peine plus que la Corse. Elle est assurée aux deux tiers par une douzaine de barrages hydro-électriques vétustes et souvent mal entretenus. L’autre moitié est assurée par une centaine de petites unités thermiques, aux rendements faibles, fonctionnant au fuel lourd. La distribution électrique est très aléatoire, avec des petits réseaux locaux mal reliés entre eux.

Madagascar et sa zone maritime recèlent sans doute de larges richesses pétrolières et gazières.

Les projets de développement

Le gouvernement malgache a mis en place un « plan énergie 2015-2030 » qui prévoit une relance du secteur hydroélectrique, dont le potentiel est en théorie considérable, l’installation de petites centrales solaires en milieu rural, une meilleure dans l’habitat, une gouvernance plus performante du secteur électrique avec l’aide d’experts étrangers.

Le projet hydroélectrique le plus important, la centrale de Sahofika, à quelque 150 km de la capitale, prévoit un coût de 800 millions d’euros et n’a pu être envisagé qu’avec l’appui financier de la Banque mondiale. Un mené par le groupe français Eiffage en assurera la construction et vise une capacité de 300 MW d’ici 2020. Le groupe allemand Siemens a signé un protocole à long terme pour augmenter également de 300 MW la capacité électrique d’ici 2019, en prévoyant notamment le déploiement de petites centrales à gaz mobiles.

Madagascar dispose de grandes richesses minières (nickel, cobalt, chrome, titane, métaux lourds) mais souffre de la faiblesse de certains cours mondiaux. L’île et sa zone maritime disposent de bassins sédimentaires propices aux gisements de pétrole et de gaz. Le gouvernement prévoit des appels d’offres pour une quarantaine de blocs d’ mais la difficulté à élaborer un nouveau code minier favorable aux investissements ralentissait toujours fin 2017 ce développement.

 

Sources :
  1. Après l’Australie (île-continent), le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo.
  2. L'agriculture sur brûlis est un système agraire dans lequel les champs sont défrichés par le feu et cultivés pendant une période brève avant d’être remis en jachère.
  3. Banque mondiale

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