L’Europe de l’énergie : une histoire à rebondissements

Actualisé le 17.04.2023
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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La construction de l’Europe a commencé au début des années 1950 avec la mise en commun de l’énergie dominante de l’époque, le charbon. Mais l’histoire n’a pas été linéaire et 75 ans plus tard, l’Union européenne cherche encore à coordonner ses politiques énergétiques, avec une nouvelle contrainte, celle de la lutte contre les changements climatiques.

1950 - Au commencement était la CECA

L’énergie a été à l’origine de la construction européenne, quand Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose le 9 mai 1950 la création d’une Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Le 9 mai est devenu depuis « journée de l’Europe »1.

Mise en place en 1952, la CECA rassemble six pays (France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) qui décident de mettre en commun leur production de charbon et d'acier. Les pays délèguent des pouvoirs à une Haute Autorité et la CECA fut ainsi la première organisation européenne fondée sur des principes supranationaux.

L’objectif était de rendre une guerre franco-allemande « matériellement impossible » et de permettre la modernisation et la rentabilité des industries européennes du charbon et de l'acier. Alors que s’engageait la « guerre froide » avec l’URSS, les arrière-pensées stratégiques et militaires n’étaient pas absentes.

1957 - L’originalité de l’Euratom

Cette ambition commune se manifeste cinq ans plus tard lorsque les mêmes six pays jettent les bases d’une Europe unifiée.  Le 25 mars 1957, ils signent à Rome deux traités : le premier crée la Communauté économique européenne (CEE) ; le second crée la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom).

Le Traité Euratom, dont plusieurs dispositions sont toujours actives, visait à promouvoir le nucléaire civil et à mettre en place un système commun d'approvisionnement en matières fissiles, comme l’ . Il s’agissait, après la crise de Suez et ses menaces sur les approvisionnements pétroliers, d’assurer une meilleure de l’Europe et de garantir ses approvisionnements en matières premières.

1987 – Vers une libéralisation des marchés

Sous l’impulsion de Jacques Delors, Président de la Commission européenne, l’« Acte unique européen » a pour objectif l’achèvement du marché intérieur, c’est-à-dire le démantèlement des barrières faisant obstacle à la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes. On entreprend alors la libéralisation du secteur de l’énergie : concurrence entre opérateurs qui deviennent transeuropéens, séparation des activités de production, de transport et de distribution de l’énergie, introduction de prix de marché. Mais les États restent souverains pour déterminer leur .

2000 – La lutte contre le changement climatique

Au tournant du siècle, apparaît une dimension nouvelle : l’urgence d’une action en faveur du climat. Il devient acquis que les émissions de gaz à , notamment le CO2, provoquées par les activités humaines sont un facteur puissant d’élévation de la température moyenne du globe. En 2005, un « marché du carbone » vise à faire payer certaines grandes filières industrielles fortement émettrices. L’effacement progressif des énergies fossiles au bénéfice du développement des énergies renouvelables est une idée qui commence à s’imposer.

2008 – La formule symbolique des 3x20

Les dirigeants européens adoptent en 2008 un «   ». Il fixe un objectif pour 2020 et pour frapper les esprits ils le déclinent en une formule : les 3 fois 20, ou 3x20.  Les Etats membres doivent réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre, améliorer de 20 % l’ et porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. Le succès est mitigé mais l’Europe adapte en 2014 ces trois objectifs pour l’horizon 2030.

2020 - Un pacte vert pour l'Europe

Mettre fin aux émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici à 2050 : tel est l’objectif du « pacte vert » (green deal) adopté par l’Union européenne début 2020. La réduction des émissions devrait être d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. L'Europe deviendrait ainsi le premier continent « climatiquement neutre », c’est-à-dire à atteindre la « neutralité carbone ». Le plan s’appuie notamment sur la fin des énergies fossiles, la mobilité électrique, l’innovation technologique, l'économie circulaire, la rénovation des bâtiments et une agriculture plus durable.

2022 - La recherche d'une "souveraineté énergétique" 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a obligé l’Union européenne à replacer au premier rang de ses préoccupation l’idée de la « souveraineté énergétique », c’est-à-dire la nécessité de ne pas trop dépendre de l’extérieur pour ses approvisionnements en énergie. En 2021, la Russie assurait 30 % des importations européennes de charbon et de et 40 % des importations de gaz naturel. En 2022, l’UE a arrêté les importations de charbon russe et a éliminé 90 % des importations de pétrole russe. À la fin de 2022, la part du gaz russe en Europe est tombée à moins de 10 %, tandis que les achats de dans le reste du monde, notamment aux Etats-Unis, connaissaient une progression record.

Source :
  1. Journée de l'Europe