L’accès à l’énergie : une grande disparité entre les habitants de la planète

Publié le 03.06.2015
Collège
Sciences économiques et sociales

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Les besoins humains fondamentaux – l’eau, l’alimentation, la santé, l’éducation – ne peuvent pas être satisfaits si l’on ne dispose pas de ce qui est leur dénominateur commun, l’énergie. Cet accès à l’énergie est loin d’être assuré dans les pays émergents et les pays les moins développés de la planète.

L’accès à l’énergie : une grande disparité entre les habitants de la planète

Électrification et cuisson alimentaire

Deux critères sont généralement retenus pour évaluer la difficulté d’accès à l’énergie d’une population dans une zone donnée : d’une part la disponibilité ou non de l’électricité, d’autre part l’absence de moyens modernes de chauffage et de cuisson des aliments.

Selon les estimations de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies (Onu), sur les 7 milliards d’habitants de la planète, 1,3 milliard n'ont toujours pas accès à l'électricité. Près de la moitié, 600 millions, vit en Afrique subsaharienne (soit les deux tiers de la population de ce continent), 300 millions environ en Inde, autant dans d’autres pays d’Asie. La Chine a presque complètement résolu ses problèmes d’électrification (8 millions seulement en sont dépourvus). En Amérique Latine, le chiffre tourne autour de 30 millions.1

1,3
milliard : le nombre d’habitants de la planète qui n’ont toujours pas accès à l’électricité

La question du chauffage et de la cuisson des aliments est essentielle dans la mesure où l’usage de fours rudimentaires et de foyers ouverts pollue gravement l’air à l’intérieur des bâtiments, ce qui cause chaque année 2 millions de décès prématurés, notamment de femmes et d’enfants. On estime à 2,8 milliards le nombre de personnes qui utilisent encore du bois, du , de la bouse ou de la , très émetteurs de polluants et de CO2. La situation est encore difficile en Chine (plus de 400 millions), en Afrique subsaharienne (autour de 700 millions), et surtout en Inde (plus de 870 millions). En Amérique Latine, le chiffre serait de 85 millions.

L’accès à l’énergie ne se pose plus dans les régions développées, souvent tempérées, où l’on parle aujourd’hui de «   », c’est-à-dire de difficultés liées aux prix de l’énergie, pas à sa disponibilité. Le problème se concentre dans les pays tropicaux et équatoriaux. Dans ces pays, l’électricité est généralement assurée dans les villes, souvent avec de multiples coupures, mais est très aléatoire dans les régions rurales. Or elle est essentielle pour toutes les activités humaines : pour pomper l’eau des nappes souterraines et la recycler, pour faire fonctionner les dispensaires et les écoles, pour éclairer les maisons dans ces zones où la nuit tombe tôt et ainsi permettre les activités artisanales à domicile indispensables à un niveau de vie minimal.

Coût modéré mais impact de la croissance démographique

Assurer l’accès universel à l’énergie ne représente pas un coût considérable. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, qui a lancé en 2011 l’initiative « Sustainable energy for all », l’a estimé à moins de 50 milliards de dollars par an jusqu’en 2030. C’est certes 5 fois le montant des investissements qui y ont été consacrés en 2010 mais seulement 3 % du total des investissements mondiaux dans le secteur énergétique. Sur cette somme annuelle, seulement 4 ou 5 milliards de dollars seraient nécessaires pour améliorer fortement la question de la cuisson des aliments.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) est cependant moins optimiste, notamment pour l’Afrique. D’ici 2040, la capacité électrique du continent aura quadruplé ; 950 millions d’habitants des pays subsahariens auront acquis l’électricité, mais à cette date il en restera encore… 530 millions qui en seront privés ! C’est que la population du continent africain aura dans le même temps doublé et passera en 2040 à 1,2 milliard d’habitants.2

Des besoins qui varient dans le temps

L’accès universel à l’énergie peut être assuré avec 3 % du total des investissements mondiaux dans le secteur énergétique.

Variable dans l’espace, l’accès à l’énergie varie aussi dans le temps. La révolution du téléphone mobile, qui s’est imposée même dans des zones très isolées, implique l’équipement spécifique en points de recharge et en batteries.

 

À la demande de bien-être minimal, s’ajoute depuis quelques années la demande accrue de mobilité, pour les personnes comme pour les biens. Le développement du parc automobile est directement lié à la richesse économique et est donc sensible dans les pays réellement émergents, pas dans les pays les plus pauvres. Le trafic routier est ainsi très important dans un pays comme le Vietnam, qui s’est fortement industrialisé, et beaucoup plus faible dans le Cambodge voisin, resté plus rural. Le parc mondial a dépassé récemment le milliard de véhicules. Le parc chinois représentait en 2012 quelque 10 % du parc mondial, mais devrait doubler d’ici 2020. La part des parcs européens, américains et japonais (53 % aujourd’hui) ne pèsera plus que 42 % à ce même horizon.

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