Economies d’énergie : une source d’énergie à part entière

Publié le 07.04.2016
Lycée
Sciences de la vie et de la terre

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L’Union européenne de l’énergie, mise en chantier par la Commission européenne, accorde une importance particulière à la réduction de la demande en énergie. Pour les experts européens, cette énergie non consommée doit être considérée comme une source énergétique à part entière.

Discussion au Parlement Européen autour des économies d'énergie

Dès 2008, l’Union européenne (UE) a adopté un « paquet climat-énergie », résumé en 3 objectifs dits « 3x20 », à atteindre d’ici 2020 par les pays de l’UE.

Deux objectifs obligatoires au niveau de l’UE et des États membres sont :
  • de diminuer de 20 % les émissions de gaz à  (GES), par rapport au niveau de 1990 ;
  • d’atteindre 20 % d’énergies renouvelables dans le européen ;

Un objectif indicatif au niveau de l’UE et des États membres est d’améliorer l’ de 20 % (par rapport aux projections faites à cet horizon si rien n’était changé).

En 2014, à l’approche de la COP21 de décembre 2015, l’UE a fixé de nouveaux niveaux à ces objectifs, à atteindre à l’horizon 2030 .

 Deux objectifs obligatoires au niveau de l’UE et des États membres sont :
  • de diminuer d’au moins 40 % les émissions de GES (par rapport aux niveaux de 1990) ;
  • de porter à 27 % la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen ;

Un objectif indicatif au niveau de l’UE et des États membres est d’améliorer l'efficacité énergétique d'au moins 27 % (par rapport aux projections de la consommation faites à cet horizon si rien n’était changé).

La Commission européenne avait proposé de fixer à 30 % les niveaux de l’efficacité énergétique et de la part d’énergies renouvelables à atteindre. Mais les chefs d’État et de gouvernement, qui prennent les décisions ultimes, ont rapporté ces niveaux à 27 %, sous la pression de divers pays de l’UE qui ne veulent pas être soumis à des contraintes trop strictes. Seule concession, l’objectif en matière d’efficacité énergétique sera réexaminé en 2020, dans l’esprit d’un relèvement à 30 %.

 

27 % :
l’objectif minimal d’amélioration de l’efficacité énergétique fixé par l’UE à l’horizon 2030.

Amélioration de l’efficacité énergétique = réduction de la consommation

Il est important de noter que par « amélioration de l’efficacité énergétique », les experts européens, qui élaborent les multiples scénarios, entendent en fait « diminution de la consommation énergétique ». Il s’agit d’une approximation : l’amélioration de l’efficacité énergétique est dans certains cas « effacée » par de nouveaux comportements de consommation. L’exemple souvent cité est celui des équipements ménagers qui ont gagné en efficacité au cours des années mais ont aussi gagné en tailles et capacités…

Mais la Commission européenne, dans son projet d’UE de l’énergie, considère justement qu’il faut « repenser fondamentalement l’efficacité énergétique et la traiter comme une source d’énergie de plein droit, représentant la valeur de l’énergie épargnée ». Elle évalue déjà les progrès effectués vers les objectifs assignés pour 2020 en mesurant tout simplement la consommation intérieure brute d’énergie1.

De ce point de vue, l’Europe est loin du compte. La réalisation de l’objectif de réduction de 20 % signifie une consommation d’énergie à 1 474 Mtep en 2020. Or les projections les plus récentes de la Commission laissent penser que l’UE parviendra à 17,6 % de réduction au lieu des 20 % préconisés pour 2020.

Le Parlement européen pousse la Commission, et au-delà les États, à être plus ambitieux dans leurs objectifs climatiques.

Pour des objectifs réévalués

Cette situation a conduit le Parlement européen à faire pression pour une révision à la hausse des ambitions européennes. Tenant compte de ces incitations, la Commission européenne a prévu de préparer des scénarios sur des objectifs de +35 et +40 % pour l’efficacité énergétique – donc la réduction de consommation – d’ici 2030. Soit bien au-delà des +27 %. Il ne s’agit que d’études, mais à Bruxelles, les estimations des coûts et des bénéfices des mesures constituent souvent une condition préalable à l’élaboration d’un projet de loi.

Une étude du Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC, Joint Research Centre)2 a déjà comparé les scénarios correspondant à une amélioration de l’efficacité énergétique de 27 %, 30 % et 40 % d’ici 2030. Il établit qu’avec l’objectif de 40 %, la somme des productions des énergies renouvelables et des économies d’énergies serait supérieure à la somme des énergies fossiles importées par l’UE. Le calcul est virtuel mais l’UE améliorerait fortement son , sa performance en émissions de GES et la compétitivité de son économie. L’objectif de 40 % d’économie d’énergie est également le seul objectif qui permettrait à l’UE d’atteindre les objectifs climatiques de l’accord de Paris (COP21).

Les experts du JRC recommandent des mesures pour encourager des investissements dans l’amélioration de l’efficacité énergétique. L’un des secteurs ciblés est celui du bâtiment. C’est à la fois le secteur le plus consommateur (il absorbe à l’heure actuelle environ 40 % de la consommation totale d’énergie dans l’UE) et celui où les États sont les moins performants (la Commission a délivré 28 mises en demeure depuis juillet 2014, l’ensemble des États tardant à mettre en œuvre les directives européennes). Un des paquets législatifs attendus à l’automne 2016 concerne la révision de la directive sur cette performance énergétique des bâtiments ainsi que la directive portant sur l’efficacité énergétique.

 

 

Sources :
  1. Eurostat
  2. Commission européenne

 

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