COP25 : Une conférence décevante sur le climat

Publié le 07.02.2020
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Sciences de la vie et de la terre

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La COP25 s’est déroulée à Madrid (Espagne), mais sous présidence du Chili, du 2 au 14 décembre 2019. Elle est la 25e « Conférence of Parties » (d'où l’acronyme : COP25), qui réunit les 197 pays et institutions signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Ses résultats ont été jugés décevants par beaucoup de commentateurs. Elle a pourtant battu un record : celui de la plus longue COP, avec deux nuits entières de négociations…

Image de Mme Carolina Schmidt, ministre chilienne de l’environnement, lors de la séance de clôture de la COP25

Après la COP24 de Katowice en Pologne (voir ses principales conclusions), la COP25 n’avait pas une obligation impérative de résultats. C’est la COP26, fin 2020, à Glasgow (Ecosse), qui devra aboutir à des décisions concrètes.

Mais beaucoup espéraient que la conférence de Madrid traduirait au moins une atmosphère de mobilisation, après trois rapports du GIEC1 très alarmistes sur l’évolution du climat, les effets sur les terres émergées et l’impact sur les océans, une année marquée par des phénomènes climatiques extrêmes et une mobilisation de la jeunesse dans beaucoup de pays. C’est plutôt la prudence qui a régné dans de nombreuses délégations et le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est déclaré "déçu".

Inquiétudes sur les "contributions nationales"

L’Accord universel de Paris sur le climat, adopté en décembre 2015 par la COP21 (voir les principaux points), n’avait pas fixé d’objectifs contraignants sur les émissions de carbone, laissant à chaque pays le soin de les déterminer. Les ambitions affichées en 2015 étant très insuffisantes pour limiter le réchauffement moyen à +2 °C (et a fortiori à +1,5 °C), l’Accord de Paris a demandé aux pays signataires de revoir à la hausse ces objectifs dans les 5 ans, donc avant la fin 2020. L’Accord stipule encore qu’un bilan sera fait en 2023.

A Madrid, seuls 80 États - sur près de 200 - ont paru prêts à présenter une nouvelle contribution en 2020. D’autres pays, dont l’Inde, ont même annoncé qu’ils attendraient 2023 pour annoncer leurs intentions. Cela augure mal de la COP26 de Glasgow.

Le "Pacte vert" de l’Union européenne

La bonne nouvelle est venue de l’Union européenne. La nouvelle présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, a présenté un ambitieux "Green Deal" ("Pacte vert"). Si l’Europe représente moins de 10 % des émissions mondiales de CO2, elle entend jouer un rôle moteur dans leur limitation.

Le plan confirme l’objectif majeur de l’UE : atteindre la neutralité carbone en 2050 (seule la Pologne ne s’y est pas engagée). Il s’agit de faire en sorte que les émissions liées aux activités humaines (production d’énergie, transports, habitat, procédés industriels et agricoles, etc) ne soient pas supérieures à celles absorbées par la planète, notamment grâce aux "puits" de carbone que constituent les végétaux, les sols, les océans.

Le "Pacte vert" rehausse une étape intermédiaire : réduire de 50 ou 55 % les émissions d'ici 2030, contre 40 % actuellement.

Le saviez-vous ?
Le "Pacte vert" de l’Union européenne prévoit la neutralité carbone d’ici 2050.

Les pays réfractaires

En revanche, les pays réfractaires sont restés sur leurs positions. Les Etats-Unis étaient représentés par une diplomate mais ils ont confirmé leur retrait de l’Accord de Paris. Celui-ci interviendra juridiquement au plus tôt le 4 novembre 2020, le lendemain de la prochaine élection présidentielle, où Donald Trump devrait briguer un second mandat.

L’attitude américaine, qui considère l’action pour le climat néfaste pour la bonne santé de l’économie, inspire des pays comme le Brésil et l’Australie. Ceux-ci ont pourtant été lourdement frappés en 2019 par les incendies de forêts qu’aggravent, selon les météorologues, le réchauffement du climat. Les pays du Golfe ou la Russie n’apparaissent pas non plus volontaristes.

La Chine et l’Inde sur la réserve

Les deux pays les plus peuplés, l’Inde et la Chine, responsables du quart des émissions mondiales, ont été réservés. Ils ont fait des efforts considérables en matière de développement des énergies renouvelables et d’ mais, confrontés aux besoins de croissance de leurs populations, ils ont encore largement besoin du charbon, dont ils disposent en grandes quantités.

Deux événements peuvent conduire la Chine à mettre de nouveau l’accent sur l’action climatique. Un sommet sino-européen est prévu en septembre 2020 à Leipzig (Allemagne) et la nouvelle Commission européenne aimerait voir se dégager un axe Bruxelles-Pékin en matière climatique, pour peser sur les Etats-Unis.

Par ailleurs, la Chine doit accueillir en octobre 2020 à Kunming (province du Yunnan) une conférence sur la . Elle pourrait vouloir redorer son image mondiale en matière de préservation des espèces et des écosystèmes, questions très liées au .

 

  1. Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).

 

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