La nouvelle carte du monde de l’énergie

Actualisé le 09.06.2023
Lycée
Histoire, géographie et géopolitique

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L’énergie joue un rôle particulier en assurant la militaire, le développement économique, la mobilité des biens et des personnes, le bien-être des populations. Son prix, et tout particulièrement celui des hydrocarbures, dépend de l’équilibre entre l’offre et la demande à l’échelle mondiale ; il s’agit d’un élément clé de l’économie de nombreux pays producteurs, au point qu’elle détermine largement leur politique. Depuis quelques décennies, le monde a pris conscience que l’énergie influe aussi sur un enjeu essentiel : le .

Voici six repères pour comprendre la «  géopolitique de l’énergie  ».

L’émergence de la Chine redessine la carte du monde

L’équilibre entre grandes puissances est une donnée historique de la géopolitique. En prenant comme indicateur l’évolution de la consommation d’énergie primaire, qui est un reflet de la croissance économique, deux zones étaient sur le podium : les États-Unis et l’Europe. En 2000, les États-Unis consommaient 2 269 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole) et l’Europe 1 853 Mtep, soit à eux deux près de la moitié du total mondial. La Chine consommait 1 161 Mtep. En 2013, les États-Unis et l’Europe ont consommé chacun légèrement moins, notamment après la crise économique de 2008, tandis que la Chine dépassait 3 000 Mtep. La Chine s’est substituée à l’Europe sur le podium des grandes puissances énergétiques mondiales.

D’autres pays ont « émergé » : de 2000 à 2013, l’Inde a augmenté sa consommation de 80  %, le Brésil de plus de 50  %. La Russie, acteur géopolitique majeur de la seconde moitié du XXe siècle, n’a progressé que de 18  %. C’est donc toute la carte du monde qui est redessinée.

Vers l’autosuffisance énergétique des États-Unis

Grâce au , les États-Unis sont déjà autosuffisants en gaz naturel et vont commencer à en exporter d’ici 2016-2017. Leur autonomie en pétrole est passée du tiers en 2005 à 62 % en 2014. Cette autonomie pourrait conduire les États-Unis à moins se préoccuper des convulsions internes du Moyen-Orient et donc à un certain désengagement. Mais il n'est pas certain qu’ils abandonnent ainsi à d’autres puissances la protection du Golfe qu'ils assurent depuis des décennies.

3 000 Mtep :
la consommation chinoise d’énergie en 2013

Les énergies fossiles resteront au cœur de la géopolitique pendant les prochaines décennies

Comment nourrir la consommation croissante des pays émergents, c’est-à-dire assurer l’accès aux ressources ?  Dans le scénario moyen de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la part des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) passe de 81 % en 2011 à 76 % en 2035. Faisant l’objet d’un commerce mondial, le contrôle des approvisionnements en énergies fossiles restera au cœur des rivalités entre puissances. 

Le climat, le grand bug du système énergétique

Comment concilier prééminence des énergies fossiles et réduction des émissions de gaz à (GES) ? Une nouvelle donnée a en effet fait irruption dans les débats énergétiques : la menace du . Selon une expression, c’est un bug  sérieux qui s’est introduit dans le système énergétique. Car, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), si l’on veut empêcher que la température moyenne du globe ne s’élève pas en 2100 de plus de 2 °C au-dessus de la température de l’époque préindustrielle, il faut non seulement réduire les émissions de GES mais les rendre nulles entre 2060 et 2100 ! C’est l’objet de discussions à un niveau multilatéral sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Énergies renouvelables et nucléaire

Outre le fait d’être largement décarbonées, les énergies renouvelables (ENR) et le nucléaire ont l’avantage d’être localisés sur des territoires et donc de ne pas faire l’objet de rivalités géopolitiques directes (même si, bien entendu, il y a de gros enjeux économiques sur la production des équipements). Les ENR, et tout particulièrement le solaire photovoltaïque, se développent rapidement en Chine, en Europe et aux États-Unis : d’ici à 2035, les énergies renouvelables (hydraulique compris) représenteront près d'un tiers de la production totale d'électricité, selon le scénario de l’AIE. Le nucléaire se maintiendrait, avec un basculement net vers l’Orient (Chine, Inde, Russie).

D’ici à 2035, les énergies renouvelables devraient représenter près de 1/3 de la production d'électricité

Le poids des technologies et de l’innovation

, meilleure utilisation de la et de la , mobilité électrique, exploitation d’hydrocarbures non conventionnels et en zones difficiles, captage et stockage du CO2 : les technologies progressent à chaque « choc » rencontré. Elles confèrent aux grands groupes industriels la responsabilité de les développer et un rôle dans le jeu géopolitique.

Le progrès technologique nourrit l’innovation. Celle-ci reflète aussi la nouvelle donne. La Chine n’est plus l’usine du monde. Le Made in China a peu à peu fait place au « Conçu en Chine ». Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), même si les États-Unis d’Amérique restent en tête du classement des demandes de brevets, la géographie de l’innovation continue de se déplacer et d’évoluer, avec l’Asie et en particulier le Japon, la Chine et la République de Corée formant le groupe géographique prédominant1.

Sources :

  1. Rapport de l'OMPI

 

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