Le bois énergie et la gestion de la forêt française

Publié le 23.04.2017
Lycée
Sciences de la vie et de la terre

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Développer l’usage du bois comme source d’énergie, ainsi qu’il est prévu dans les années à venir, risque-t-il de détériorer les espaces forestiers de la France ? Les experts de l’Office national des forêts (ONF) et du Syndicat des énergies renouvelables (SER) pensent tout au contraire que la marge est très grande et que la gestion forestière sera améliorée.

La forêt française : troisième d'Europe en volume de bois

La gestion de la forêt est une préoccupation très ancienne. En 1346, le roi Philippe VI de Valois avait édicté l'Ordonnance de Brunoy prévoyant une gestion telle que « lesdites forez se puissent perpétuellement soustenir en bon estat ». Il lançait ainsi, en vieux français, et sans s’en douter, le concept très moderne de «   » devenu courant en français comme en anglais.

Bien sûr le concept de « bon estat » a beaucoup évolué au fil des siècles. Sous l’Ancien Régime, il fallait garantir de bons territoires de chasse et des arbres propres à construire les navires. Au XIXe siècle, l’industrie, les mines, le bâtiment étaient de grands consommateurs de bois et exigeaient une exploitation intensive. Aujourd’hui, la préoccupation est de conserver des espaces capables de capter le CO2. Elle est aussi de préserver la  et des paysages suffisamment attractifs pour le développement du tourisme.

50 % :
l’augmentation prévue d’ici 2023 de la consommation de bois énergie

Un tiers du territoire national

Aujourd’hui, la forêt française est la troisième d’Europe en volume de bois sur pied, derrière celles de l’Allemagne et de la Suède.

 

Avec 16,6 millions d’hectares (un hectare est équivalent à un carré de 100 m sur 100 m), elle couvre un tiers du territoire métropolitain. La forêt publique couvre plus de 4 millions d’hectares, dont un tiers de forêts domaniales – propriété de l’État – et deux tiers de forêts appartenant à des collectivités territoriales, comme les communes. Le reste, près des trois quarts, est morcelé entre 3 millions de propriétaires. Sans oublier que la France a un très fort capital forestier dans ses territoires outre-mer (6 millions d’hectares), essentiellement en Guyane.

L’exploitation est très variable selon le mode de propriété. Dans le domanial, 100 % de l’accroissement est exploité sous la responsabilité de l’ONF. Dans le communal, le chiffre est de 80 %. Il tombe à 30 % dans le privé où les parcelles sont souvent trop petites pour assurer une rentabilité suffisante à leurs propriétaires.

Moins mise à contribution par l’industrie, seule la moitié environ du potentiel forestier est aujourd’hui exploitée et de ce fait la forêt française a doublé depuis 1827. Mais de façon inégale, avec des zones très exploitées et d’autres pas du tout.

Une forêt en croissance

Les trois utilisations principales sont :

  • le bois d’œuvre (35 % de l’utilisation totale), qui utilise les troncs dans leur partie la plus large (les fûts, appelés aussi grumes) pour faire de la charpente ou de la menuiserie ;
  • le bois d’industrie (20 %), troncs plus petits, pour la fabrication de la pâte à papier ou de panneaux de particules (on parle de bois de trituration), de poteaux, de traverses de chemin de fer ;
  • le bois énergie (45 %), tiré des taillis ou des houppiers (les branches de la cime), utilisé dans le chauffage domestique ou industriel.

Vers une plus grande utilisation

Pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), il y a une très large marge pour l’exploitation du bois énergie. Les deux objections principales – des sols découverts et donc une biodiversité affaiblie, des paysages moins attractifs alors que le tourisme est une ressource en soi – sont compensées, selon le SER, par le fait qu’une bonne exploitation assure la replantation régulière de jeunes plants et veille à la protection des sols1. Mais des forêts très exploitées, comme la forêt des Landes développée sous Napoléon III, sont moins propices aux randonnées que des forêts plus « sauvages ». 

Le chauffage au bois séduit un nombre croissant de ménages et beaucoup de villes adoptent des systèmes de chauffage collectif au bois. Les chaufferies sont rapides à construire et la mise en place de réseaux de conduites enterrées permettant de faire circuler la est souvent prévue lors d’autres travaux d’ampleur comme la construction de tramways ou de dessertes routières.

Aujourd’hui, la forêt française est la troisième d’Europe en volume de bois sur pied, derrière celles de l’Allemagne et de la Suède.

Des circuits raccourcis au maximum

Les chaufferies utilisent généralement des plaquettes forestières, provenant du broyage des branches et des taillis effectué sur place dans la forêt. Les morceaux déchiquetés se déversent directement dans des camions qui partent ensuite charger les cuves de stockage des chaufferies dans un rayon généralement inférieur à 150 km. Le but est de raccourcir au maximum les circuits pour limiter les dépenses en énergie. Les chaufferies modernes sont équipées de systèmes de dépoussiérage qui éliminent les émissions de particules fines dans l’atmosphère.

Les politiques publiques ont, au travers de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), des ambitions élevées dans les deux secteurs, et tout particulièrement dans le chauffage collectif et industriel :

  • faire passer la consommation de 9,2 Mtep en 2015 à 13 ou 14 Mtep en 2023, soit une progression de 50 % ;
  • presque tripler la consommation du secteur collectif et industriel ;
  • faire passer de 8 à 9 millions au moins le nombre de foyers équipés en chauffage à bois, mais sans augmenter la consommation de matière première.

 

Sources :
  1. Voir le dossier ONF

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